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Cote | Localisation | Statut |
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R APP | Albums & Romans Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 1054944577 Identifiant: Roman tout-terrain |
Auteur | Aharon Appelfeld [auteur] |
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Titre | Adam et Thomas / Aharon Appelfeld ; illustré par Philippe Dumas ; traduit de l'hébreu par Valérie Zenatti. |
Editeur | Paris : L' Ecole des Loisirs, 2014. |
Collection | Médium + |
Description | 150 p. : ill. en coul, couv ill. en coul ; 22 cm |
Langue | Français. |
Langue d'origine | Hébreu. |
Centre d'intérêts | Roman 11 ans et + |
Autres auteurs | Philippe Dumas [illustrateur] Valérie Zenatti [traducteur] |
Quand la mère d’Adam le conduit dans la forêt, elle promet de venir le chercher le soir même. « Aie confiance, tu connais la forêt et tout ce qu’elle contient », lui dit-elle. Mais comment avoir confiance alors que la guerre se déchaîne, que les rafles se succèdent dans le ghetto et que les enfants juifs sont pourchassés ? La journée passe. Adam retrouve Thomas, un garçon de sa classe que sa mère est également venue cacher là. Les deux gamins sont différents et complémentaires : Adam sait grimper aux arbres et se repère [...] dans la forêt comme s’il y était né. Thomas est réfléchi et craintif. À la nuit tombée, les mères ne sont pas revenues. Les enfants s’organisent et construisent un nid dans un arbre. Ils ignorent encore qu’ils passeront de longs mois ainsi, affrontant la faim, la pluie, la neige et le vent, sans oublier les questions essentielles : qu’est-ce que le courage ? Comment parlent les animaux ? D’où vient la haine ? À quoi sert l’amour ?
Médias
Aharon Appelfeld (en hébreu : אהרן אפלפלד), né le à Jadova, près de Czernowitz (alors en Roumanie) est un romancier et poète israélien. Il est considéré comme un des plus importants écrivains israéliens de langue hébraïque de la fin du XXe siècle. Il se définit lui-même « comme un Juif qui écrit en Israël ». Il a reçu de nombreux prix littéraires, dont le Prix Médicis étranger en 2004, et le Prix Israël.
Aharon Appelfeld est né le en Roumanie de parents juifs assimilés germanophones, parlant aussi le ruthène, le français et le roumain. Il vit d'abord une petite enfance heureuse, entre une mère tendre, un père plus lointain, et des séjours à la campagne auprès de ses grands-parents qui lui apprennent le yiddish des Juifs pratiquants. Sa mère est tuée en 1940 alors que le régime roumain commence sa politique meurtrière envers les Juifs. Le nord de la Bucovine, dont Czernowitz, est annexé en juin 1940 par l’Union soviétique en conséquence du pacte Molotov-Ribbentrop, avant d’être occupé par la coalition germano-roumaine en 1941. Aharon Appelfeld connaît le ghetto puis la séparation d'avec son père et la déportation dans un camp à la frontière ukrainienne, en Transnistrie, en 1941. Aharon Appelfeld parvient à s'évader à l'automne 1942. Il se cache dans les forêts d'Ukraine pendant plusieurs mois au milieu de marginaux de toutes sortes. Il trouve refuge pour l'hiver chez des paysans qui lui donnent un abri et de la nourriture contre du travail, mais il est obligé de cacher ses origines juives. Dans Histoire d'une vie, il explique :
Il est ensuite recueilli par l'Armée rouge. Il traverse l’Europe pendant des mois avec un groupe d’adolescents orphelins, arrive en Italie et, grâce à une association juive, s’embarque clandestinement pour la Palestine où il arrive en 1946.
Le jeune garçon est pris en charge par l’Alyat Hanoar et se retrouve dans un camp de jeunesse, puis dans une école agricole. Il doit faire ensuite son service militaire en 1949. Il tient épisodiquement pendant ces années un journal qui reflète sa difficulté à se reconstruire. Il se heurte aussi au problème du rapport à la langue : il est en effet passé, sans espoir de retour, de l'allemand et du yiddish, à l'hébreu. Il est diplômé de l'Université hébraïque de Jérusalem. il y renoue avec sa culture d'origine, en étudiant au département de yiddish. Ses professeurs sont Martin Buber, Gershom Scholem, Ernest Simon, Yehezkiel Kaufman. Comme lui, ils ont une double culture.
Sa rencontre avec Samuel Joseph Agnon le convainc que « le passé, même le plus dur, n’est pas une tare ou une honte mais une mine de vie ». À la fin des années 1950, il décide de se tourner vers la littérature et se met à écrire, en hébreu, sa « langue maternelle adoptive ». Il a longtemps enseigné la littérature à l'Université Ben Gourion du Néguev. Homme de gauche, de tout temps ancré dans le Parti travailliste, il observe avec amertume l'impasse d'un certain sionisme et le rejet du monde arabe qui veut supprimer son pays. Il voit s'élargir les failles dans la société israélienne. Appelfeld est marié à Judith, juive argentine, et a trois enfants, Meir, Yitzak et Batya.
Aharon Appelfeld a écrit plus de 40 livres, principalement des recueils de nouvelles et des romans. Bien qu'ayant appris l'hébreu sur le tard, Appelfeld est un des auteurs les plus brillants en langue hébraïque (sa langue maternelle est l'allemand). Appelfeld fait souvent ce cauchemar: « Parfois je me réveille, avec l'angoisse que cet hébreu acquis avec tant de peine disparaît. Je veux l'attraper, je ne peux pas ».
La majorité de ses écrits concerne la vie de la population juive en Europe avant et durant la Seconde Guerre mondiale. Il y livre à chaque fois un pan de sa propre vie. Ses héros sont des Juifs assimilés, qui ne se reconnaissent pas dans une identité juive. Ils sont d'autant plus désarmés lorsqu’ils doivent affronter leur destin de Juifs. Pour montrer l'écroulement du monde autour de ses personnages il décrit un monde d'inquiétante étrangeté, d'espaces qui se rétrécissent, d'horaires qui se dérèglent, de trains sordides qui roulent dans des paysages indistincts. Il évoque en particulier sa propre expérience de survie dans la forêt de Bukovine, alors âgé d'une dizaine d'années seulement, qui peut se retrouver dans certains de ses livres comme Tsili ou L'Amour, soudain. Aharon Appelfeld décrit aussi des rescapés incapables de se libérer d’un passé douloureux qui les poursuit, incapables de se forger une vie nouvelle. Aharon Appelfeld peut être défini comme un arpenteur de la trace et surtout de l'absence qu'il fouille jusqu'à la moelle du grand vide. Il refuse cependant d'être considéré comme un écrivain de la Shoah : « Je ne suis pas un écrivain de l'holocauste et je n'écris pas sur cela, j'écris sur les hommes juifs. »
L'écriture d'Appelfeld est à la fois claire et à double-fond : elle est symbolique tout en faisant référence à des actions du quotidien apparemment les plus anodines ; elle évoque les événements de l'histoire mais de manière souvent vague et comme détournée ; en même temps elle s'ouvre aux mythes du peuple juif. Appelfeld est soucieux de détails troublants mais presque cliniques, ce qui lui permet de créer un monde proche et étrange. Il utilise une écriture par petites touches, subtiles, précises, où parfois surgit la violence la plus cauchemardesque. Ses scènes sont souvent brèves, ses héros des narrateurs parfois muets comme Tsili, le plus souvent inaccomplis, étranger qui ne peut revenir dans le pays de son enfance. Le poids des silences est important dans son œuvre. Appelfeld capte surtout des regards, des sourires ou des larmes. L'écriture d'Appelfeld n'est pas réaliste, mais elle refuse le lyrisme et la poésie.
Appelfeld est également l'ami de l'écrivain américain Philip Roth, et apparaît dans un de ses romans (Opération Shylock). Pour Roth, ce qu'Appelfeld nous apprend de la nature humaine est à la hauteur littéraire de Franz Kafka et de Bruno Schulz. Les écrivains qui ont influencé Appelfeld sont Kafka, Proust et Tchekhov mais la Bible sur le plan esthétique surtout.