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Cote | Localisation | Statut |
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781.61 GAI | Arts Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0518694577 Identifiant: Pôle Arts Identifiant: Rouge |
Auteur | Serge Gainsbourg [auteur] |
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Titre | Le Gainsbourg / Serge Gainsbourg ; illustré par Gérard Mathie. |
Editeur | Paris : Mango, 1999. |
Collection | Album Dada |
Description | N p. : illustrée en couleurs ill. en coul. ; 30 cm |
Langue | Français. |
Indice | 781.61 |
Centre d'intérêts | Documentaire jeunesse |
Autres auteurs | Gérard Mathie [illustrateur] |
Support | Livre |
Médias
Serge Gainsbourg, de son vrai nom Lucien Ginsburg, né le dans le 4e arrondissement de Paris et mort le dans le 7e arrondissement de Paris, est un auteur-compositeur-interprète, pianiste, artiste peintre, scénariste, metteur en scène, écrivain, acteur et cinéaste français[1]. Il accède à la notoriété en tant qu'auteur-compositeur-interprète, abordant de nombreux styles musicaux. Il s'essaiera également au cinéma et à la littérature, et réalise plusieurs films et vidéo-clips et compose plus de quarante musiques de films.
Ses débuts sur scène sont difficiles en raison de son physique. Toute sa vie, Serge Gainsbourg souffre d'un sentiment de rejet et de l'image que lui renvoie le miroir : celle d'un homme que l'on qualifie de laid. Au fil des années, il se crée une image de poète maudit et provocateur, mais pas pour autant en marge du système, « J'ai retourné ma veste quand je me suis aperçu qu'elle était doublée de vison » déclare-t-il à propos de sa conversion à la pop musique dans les années 1960[2]. Les textes de ses chansons jouent souvent sur le double sens, et illustrent son goût pour la provocation (Nazi Rock, Aux armes et cætera, Lemon Incest) et l'érotisme (Les Sucettes, Je t'aime… moi non plus, Love on the Beat), ce qui lui vaut nombres de polémiques. Serge Gainsbourg aime également jouer avec les références littéraires, comme Verlaine (Je suis venu te dire que je m'en vais). Cependant, il considère la chanson, et en particulier les paroles de chanson, comme un « art mineur[1] » puisque ne nécessitant, contrairement à la peinture par exemple, aucune initiation pour être apprécié[3]. Il travaille cependant, parfois beaucoup, la forme poétique de ses textes.
Gainsbourg traversera la vie de chanteuses et actrices souvent renommées pour leur beauté : de Brigitte Bardot à Jane Birkin[1], avec qui il a son troisième enfant Charlotte Gainsbourg. Après leur séparation, il rencontre « Bambou », Caroline Paulus[4] de son vrai nom, qui lui donne son quatrième et dernier enfant, Lucien Gainsbourg, dit « Lulu ».
Il influencera considérablement des artistes français comme le groupe Taxi Girl, Renaud ou encore Étienne Daho[5] mais aussi des artistes non francophones tels que Beck Hansen, Mike Patton[6], le groupe Portishead et le compositeur David Holmes.
Si sa notoriété à l'extérieur du monde francophone se limite aux professionnels de la musique, il réussit à classer deux de ses albums dans les meilleures ventes de disques aux États-Unis : Bonnie and Clyde[7] (avec Brigitte Bardot) se classe 12e au Billboard 200 au cours de l'année 1968, et Jane Birkin/Serge Gainsbourg[8] se classe 196e au cours de l'année 1970. Sa chanson Je t’aime… moi non plus se classe 58e au Billboard Hot 100[9], malgré des diffusions à la radio limitées[10], mais rencontre un plus grand succès encore au Royaume-Uni où elle se classe numéro 1 des ventes[11]. Avec celles de la chanteuse belge Sœur Sourire[12], ces performances sont inégalées pour des chansons en langue française aux États-Unis.
Fils d'immigrants russes juifs[13],[14],[15], il veut être artiste peintre. Mais il accède à la notoriété en tant qu'auteur-compositeur-interprète, abordant de nombreux styles musicaux. Il s'essaiera également au cinéma et à la littérature. Son père, Joseph Ginsburg, né à Constantinople (Turquie) le , d'abord intéressé par la peinture, entre au Conservatoire de Petrograd, puis à celui de Moscou pour étudier la musique : il choisit le piano. Puis, en Crimée, il rencontre Brucha Goda Besman, surnommée Olia ou Olga, une mezzo-soprano qui devient son épouse le 18 juin 1918[16]. C'est en 1919 que Joseph et Olga, fuyant la guerre et la dictature bolchévique, quittent Odessa (Ukraine), s'exilent en Géorgie, puis à Istanbul avant de débarquer le 25 mars 1921 à Marseille et s'installer à Paris où ils retrouvent le frère d'Olga qui travaille pour la banque Louis-Dreyfus[17](p11). Joseph est pianiste de bar et de cabaret, Olga chante au conservatoire russe. Ils vivent rue de la Chine dans le 20e arrondissement de Paris. Ils ont en 1922 un premier fils, Marcel, qui meurt à seize mois d'une pneumonie, puis une fille, Jacqueline, en 1926, enfin des faux jumeaux, Liliane et Lucien, en 1928 (que la mère Olga voulut faire avorter sans y parvenir[18]), nés à la maternité de l'Hôtel-Dieu de Paris dans l'île de la Cité. La famille Ginsburg obtient la nationalité française le [19].
Dans son enfance, le petit Lucien vit dans les quartiers populaires de Paris, le 20e puis le 9e arrondissement. Son père tente de lui apprendre le piano classique et le pousse vers le monde de la peinture. Durant la Seconde Guerre mondiale, l'antisémitisme d'État du régime de Vichy lui impose de porter l'étoile jaune (« Une étoile de shérif », dira-t-il plus tard par dérision, ou « Je suis né sous une bonne étoile... jaune »)[20]. Les métiers artistiques sont interdits aux Juifs et plus personne ne veut engager son père comme pianiste. Ce dernier doit par conséquent passer en zone libre en 1942 pour retrouver du travail et échapper à la misère. Les contrôles de police sont de plus en plus nombreux dans la capitale et toute la famille finit par le rejoindre en janvier 1944 dans la région de Limoges avec de faux papiers. Ils se réfugient au Petit Vedeix dans la Haute-Vienne sous le nom de Guimbard. Les filles sont cachées dans une institution religieuse et Lucien dans un collège jésuite, à Saint-Léonard-de-Noblat. Il y est pensionnaire sous sa fausse identité. Un soir, la Gestapo fait une descente dans l'établissement pour vérifier qu'aucun enfant juif ne s'y abrite. Les responsables du pensionnat l'envoient se cacher seul dans la forêt, où il passe la nuit entière avec la peur d'être pris et tué. Il vivra par la suite avec le sentiment d'être un rescapé[21].
Durant ces années de guerre, la famille Ginsburg se voit retirer entièrement la nationalité française par une commission spéciale mise en place par le régime de Vichy, parce qu'ils sont « israélites sans intérêt national ». Sur l'un des rapports de la commission, retrouvé en 2010[22], on peut lire, à propos de Joseph, le père de Serge : « Exerçant la profession de pianiste, le nommé Ginsburg qui se déplace fréquemment réside actuellement à Lyon. […] Son fils Lucien est inscrit au collège Du Guesclin. […] Il ressort néanmoins que l’intéressé a quitté la capitale en 1941 pour la zone libre pour s’éviter des ennuis en raison de sa confession. » La commission tranche : « retrait général ». Serge Gainsbourg n'a jamais rien su de cette dénaturalisation.
De retour à Paris après la libération, la famille s'installe dans le 16e arrondissement de Paris. Lucien est en échec scolaire et abandonne, peu avant le bac au lycée Condorcet. Il s'inscrit alors aux Beaux-Arts, et fréquente l'Académie de Montmartre où ses professeurs de peinture sont André Lhote et Fernand Léger[23], sans poursuivre jusqu'au bout cette première vocation trop peu rémunératrice[24]. Il rencontre le à l'Académie de Montmartre, sa future compagne, Élisabeth Levitsky, fille d'aristocrates russes qui a des accointances avec les surréalistes et en particulier Georges Hugnet dont elle était la secrétaire[25]. Il l'épousera le [26].
Durant sa jeunesse, Serge Gainsbourg accompagne son père en tournée dans plusieurs lieux de villégiature anglais de France note Jane Birkin : Le Touquet, Cabourg, Trouville, Dinard ou encore Arcachon[18].
L'année 1948 est une année importante pour Lucien. Il fait son service militaire à Courbevoie au sein du 93e régiment d'infanterie (France), où il sera envoyé régulièrement au trou pour insoumission. Il y commence sa « période » éthylique ; privé de permission, il s'enivre au vin avec ses camarades de régiment. C'est également durant cette période qu'il apprend à jouer de la guitare.
Jusqu'à trente ans, Serge Gainsbourg vit de petits métiers. Il est, entre autres, professeur de dessin, de chant, surveillant, mais son activité principale est la peinture. Il aurait aimé être un génie de la peinture comme Francis Bacon ou Fernand Léger, dont il fut l'élève. En 1952, il emménage avec Élisabeth Levitsky dans une chambre à la Schola Cantorum de Paris, meublé d'un piano en piteux état, que Serge remet en état pour pouvoir en jouer. Un jour, en rangeant leurs vêtements, Serge et Elizabeth découvrent; au fond d'un placard, une porte donnant sur la salle de concert, où des groupes de jazz américains viennent enregistrer leurs disques. De ce point de vue, Serge observe, prend des notes et délaisse petit à petit, la peinture[27]. En 1954, il abandonne la bohème pour devenir crooner de piano-bar dans les casinos de la côte comme le Touquet Paris-Plage, où il joue au Club de la Forêt, ou Deauville et dans des cabarets parisiens comme chez Madame Arthur, un cabaret transformiste dont il compose la musique des revues[17]. Dès 1954, Lucien Ginsburg dépose ses titres à la SACEM, d'abord sous son nom[17], puis sous le pseudonyme de Julien Gris[28] et plus tard Julien Grix[17], puis, à partir d'avril 1957, sous le pseudonyme de Serge Gainsbourg. Il expliquera que le prénom de Serge évoque la Russie et que les voyelles « A » et « O » ajoutées à son nom sont une réponse aux enseignants qui écorchaient son patronyme pour lui rappeler ses origines judéo-russes[17].
Il a une révélation en voyant Boris Vian au cabaret Milord l'Arsouille, qui écrit et interprète des textes provocateurs, drôles, cyniques, loin du répertoire des vedettes du moment, comme Dario Moreno ou Annie Cordy. Bientôt, engagé comme pianiste d'ambiance par Francis Claude, directeur artistique du cabaret, Serge Gainsbourg accompagne à la guitare la chanteuse Michèle Arnaud[29]. En 1957, par hasard Michèle et Francis découvrent avec stupéfaction les compositions de Gainsbourg en allant chez lui voir ses toiles. Le lendemain, Francis Claude pousse Serge sur scène. Mort de trac, il interprète son propre répertoire (dont Le Poinçonneur des Lilas)[30]. Claude le présente dans son émission sur les ondes de Paris-Inter, le 5 janvier 1958. Michèle Arnaud (et plus tard, en 1966, son fils Dominique Walter) sera d'ailleurs la première interprète de Serge[29]. Elle enregistre, dès 1958, les titres La Recette de l'amour fou, Douze Belles dans la peau, Jeunes Femmes et vieux messieurs et La Femme des uns sous le corps des autres[31]. C'est là qu'il fait ses premières armes, compose de nombreuses chansons et même une revue musicale. Il décide alors d'abandonner la peinture pour se consacrer à la composition musicale et détruit la quasi-totalité de ses toiles, au grand dam de son épouse qui ne lui pardonnera jamais cet "autodafé". Il se lance aussi dans une cour effrénée auprès des femmes, qu'il séduit en grand nombre, ce qui l'éloigne d'Élisabeth ; ils divorcent en , six ans après leur mariage[26].
En studio, il commence sa fructueuse collaboration avec Alain Goraguer, déjà arrangeur musical de Boris Vian[29]. Son premier album, Du chant à la une ! qui contient Le Poinçonneur des Lilas, son premier succès en 1958, détonne, mais c'est un échec commercial. Il est remarqué par Marcel Aymé, qui dit que ses chansons « ont la dureté d'un constat ». Boris Vian, avant de mourir en 1959, le compare à Cole Porter.
Lorsque l'époque des yéyés arrive, il a 32 ans et n'est pas très à l'aise : passant en première partie de Brel ou de Gréco, il est la risée du public et des critiques, qui se moquent de ses grandes oreilles et de son nez proéminent. Débute, avec Gréco, une collaboration qui dure toute cette période « Rive Gauche », dont le point d'orgue sera La Javanaise à l'automne 1962[29].
Pour Philippe Clay, auquel il ressemble de façon troublante, il écrit en 1962 Chanson pour tézigue et en 1965 Lily tâches de rousseur[32]. En 1964, ils apparaissent dans l'émission télévisée Demandez le programme pour deux duos (L'Accordéon[33] et L'Assassinat de Franz Lehár[34])[32].