"En réserve" : la médiathèque dispose d'une "réserve" constituée d'oeuvres classiques, de documentaires fondamentaux ou en multiples exemplaires. Ces documents sont consultables et empruntables sur demande. Adressez-vous à un bibliothècaire.
"Equipement" : les documents portant cette mention sont souvent des nouveautés. Ils vont être couverts et renforcés pour le prêt et seront disponibles très prochainement. Vous pouvez réserver les documents qui sont à "l'équipement".
Cote | Localisation | Statut |
---|---|---|
LCDR DES | Lecture Confort Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0931544577 |
Auteur | Virginie Despentes |
---|---|
Titre | Apocalypse bébé[Enregistrement sonore] / Virginie Despentes. |
Editeur | Paris : Audiolib, 2010. |
Collection | Des livres à écouter |
Description | 1 cd : couv. en coul. ; 12 cm (08 h45 min) + 1 CD |
Langue | Français. |
Centre d'intérêts | Roman adulte |
Support | CD audio |
Valentine disparue... Qui la cherche vraiment ? Entre satire sociale, polar contemporain et romance lesbienne, le nouveau roman de Virginie Despentes est un road-book qui promène le lecteur entre Paris et Barcelone, sur les traces de tous ceux qui ont connu Valentine, l'adolescente égarée... Les différents personnages se croisent sans forcément se rencontrer, et finissent par composer, sur un ton tendre et puissant, le portrait d'une époque. Très proche de l'univers de Virginie Despentes, Nadège Piton sait restituer au roman la [...] multiplicité de ses tonalités, entre émotion et virulence.
Médias
Virginie Despentes, née le à Nancy[1], est une écrivaine et réalisatrice française, à l'occasion traductrice et parolière.
Son œuvre, inventaire de la marginalisation de la jeunesse, participe étroitement à la libération des mœurs vécue par la génération X et l'acclimatation de la pornographie à l'espace public induite par les nouvelles techniques de communication[2]. Par l'exploration transgressive des limites de l'obscénité[3], la romancière comme la cinéaste propose une critique sociale et un antidote au nouvel ordre moral[4]. Plus encore, ses personnages interrogent sur un mode identificatoire le dérangement du sujet qui conduit de la misère et l'injustice à la violence contre soi-même, telle que la toxicomanie, ou contre autrui, comme le viol ou même le terrorisme[5], violences dont elle a eu elle-même à souffrir. Elle est membre de l'académie Goncourt depuis le 5 janvier 2016[6].
Quand naît celle qui prendra à vingt-cinq ans le pseudonyme de Virginie Despentes, ses parents ont vingt et dix-neuf ans[7]. Postiers engagés dans le syndicat CGT, ils participent aux manifestations avec leur fille[7]. À deux ans, elle chante déjà L'Internationale[7].
Sa mère lui achète les Fantômette de la Bibliothèque rose mais ce sont les subversifs Reiser et Wolinski qu'elle aime lire en cachette[7]. À l'école primaire, elle exaspère ses maîtres par des bagarres incessantes avec les garçons, qu'elle dépasse tous en taille[7]. En grandissant, c'est Marilyn Monroe, image de la fragilité féminine, qu'elle se choisit comme idole. Mais elle la reniera à l'adolescence[7].
À l'écart des autres élèves de son collège, qui la surnomment pour cette raison « Bulle », elle se fait élire et réélire chaque année déléguée de classe après que son père, qui s'est présenté sous l'étiquette du Parti socialiste, a perdu l’élection municipale de Jarville[7]. Elle échoue toutefois à mobiliser les élèves contre les professeurs dont elle juge l'enseignement réactionnaire et à les entraîner dans des grèves[7].
Elle découvre l'écriture auprès d'un professeur de français original, amateur du poète compositeur Hubert-Félix Thiéfaine et du groupe de rock post-punk Joy Division[7]. Il lui enseigne que la littérature est une chose cruciale : « il m'a ouvert la voie de la littérature et, en un sens, a changé ma vie »[8].
À quinze ans, elle est internée contre son gré[9] en hôpital psychiatrique[10] pendant un peu plus de deux mois[9]. La psychothérapie, en dépit de la sollicitude bienveillante ressentie par la patiente, se heurte à la violence de l'institution et reste un échec que suivent une déscolarisation et une errance à travers les préfectures de France au cours de laquelle l'adolescente est arrêtée de très nombreuses fois par la police[9].
À dix-sept ans, en faisant du stop, au retour d'un voyage à Londres, elle est victime d'un viol, qui fera en 2006 la matière d'un chapitre de son ouvrage King Kong Théorie [11]. Face à ce traumatisme, elle s'installe dans le déni et répond systématiquement aux psychothérapeutes avec lesquels le lien n'est pas rompu « ça ne m'a pas marqué plus que ça »[2]. Ce rejet du ravalement de la condition de femme fera le ressort du personnage de Manu dans son premier roman, Baise-moi. Ce n'est que vingt ans plus tard qu'elle reconnaitra à propos de ce viol qu'« […] il est fondateur, de ce que je suis en tant qu'écrivain, en tant que femme qui n'en est plus tout à fait une. C'est à la fois ce qui me défigure et me constitue. »[12]
Tout en travaillant comme femme de ménage à Longwy, elle passe son baccalauréat en candidate libre, et n'a pas encore dix huit ans quand elle s'inscrit à Lyon dans une école de cinéma, qui deviendra deux ans plus tard l'ARFIS.
Hébergée dans un foyer de La Croix-Rousse mais seule, elle sombre dans un alcoolisme à la bière tout en s'enivrant de la lecture de Bukowski[7]. Elle multiplie les petits boulots, baby sitter, superviseuse pour un réseau Minitel, employée chez Auchan, vendeuse chez un disquaire, puis pigiste pour journaux rocks[13].... Adepte du groupe de rock alternatif Bérurier noir[2], elle en fréquente le milieu, celui des Punks et des Autonomes. Le manque d'argent[2] l'amène à « la prostitution volontaire et occasionnelle »[14] via le Minitel rose, dans des « salons de massage » et des peep shows.
En 1992, elle souffre d'un grave eczéma généralisé et se réfugie dans la maison que ses parents lui abandonnent pour les vacances[7]. En un mois[2], elle y écrit le roman de sa vie, Baise moi[7]. À l'automne, la jeune fille rejoint un squat[2] parisien et mène une vie de chef de bandes, de manifestations et de violence[2]. Son manuscrit, des copies, circule dans le milieu post-punk mais il sera refusé par neufs maisons d'édition et même par ceux des libraires qui proposent des ouvrages en dépôt[2]. Son style trash déplait et effraie les professionnels.
En 1993[7], Virginie Despentes travaille à Paris comme critique de films pornographiques pour un magazine spécialisé et partage le logement d'Ann Scott, autre aspirant écrivain. Les deux jeunes femmes se soutiennent dans leurs ambitions littéraires[2]. À l'occasion, pour vivre, l'une fait le mannequin quand l'autre continue de se prostituer[2]. Elles fréquentent la discothèque Le Pulp, dont le disc jockey, Sextoy, est la maîtresse d'Ann Scott[2], et son milieu lesbiens et transsexuels.
En 1994, Virginie Despentes est vendeuse au rayon librairie du Virgin Megastore des Champs-Élysées et a perdu son propre manuscrit de Baise-moi, renoncé à sa carrière littéraire, lorsqu'un ami, à son insu, en présente une copie à Florent Massot[2], un éditeur de rares albums qui témoignent de la contre-culture des banlieues. Celui-ci prend le risque de publier pour la première fois un roman, à mille puis deux mille exemplaires[2]. La diffusion ne dépasse pas dans un premier temps le réseau underground du rock alternatif, des fanzines, des squats.
Elle ne se décourage pas[15] et, désormais attachée à sa condition de salariée, reste résolue à changer de vie[9]. Pour effacer son passé compromettant[7], elle choisit un nom de plume. Celui-ci fait « référence au quartier "des pentes" de la Croix-Rousse, à Lyon »[8], où elle a vécu sa vie de prostituée occasionnelle. Elle adresse son livre à dix personnes choisies.
Au cours d'une intimité de trois jours dans une chambre d'hôtel de Belleville, elle le présente à une de ses idoles, Patrick Eudeline[2]. La chronique qu'en tire le rocker, incrédule, choqué et fasciné, parvient à Thierry Ardisson, qui en fait la promotion dans sa nouvelle émission Paris Dernière diffusée sur la chaîne du câble Paris Première. Les ventes montent à quarante mille exemplaires[2]. À sa suite, le journaliste Laurent Chalumeau fait de même dans l'émission Nulle part ailleurs de Canal+, première chaine de télévision française à diffuser régulièrement des films pornographiques[2]. Baise-moi devient un « phénomène branché du samedi soir »[2]. Les ventes passeront à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires[2].
Au succès et à une critique gênée, qui tantôt en fait « une victime des bas-fonds que la réussite va sauver de la drogue et de la prostitution »[16], tantôt jette un voile pudique sur son passé[17], Virginie Despentes, provocatrice, répond sans fard, « avec autant de plaisir que j’avais eu à le faire »[17], qu'elle a été pute.
En 1996, Florent Massot publie son deuxième roman. Les Chiennes savantes est, sous la forme d'un roman policier, un portrait noir d'une certaine condition féminine de la France postmoderne, antithèse des « femmes savantes ». Quand la faillite de Florent Massot engloutit la fortune accumulée par Baise moi, elle est approchée par les éditions Grasset[2].
Elle y publie en 1998 son troisième roman. Les Jolies Choses, « remake grunge des Illusions perdues »[18] écrit « en trois-quatre jours sous coke »[19] reçoit le prix de Flore 1998 et le prix littéraire Saint-Valentin 1999. Son adaptation cinématographique réalisée par Gilles Paquet-Brenner, Marion Cotillard et Stomy Bugsy jouant les rôles principaux, recevra en 2001 le prix Michel-d'Ornano lors du festival de Deauville.
En 1999, Librio publie Mordre au travers, un recueil de nouvelles subversives, pour la plupart inédites. La quatrième de couverture avertit que l'« ouvrage contient des passages susceptibles de heurter la sensibilité de certains lecteurs »[20]. En 1997, Despentes avait déjà publié une nouvelle, « C'est dehors, c'est la nuit », dans un recueil collectif, Dix, édité sous la direction du magazine Les Inrockuptibles.
Virginie Despentes porte depuis des années le projet de faire de son roman Baise-moi un film. Elle veut permettre à des amies hardeuses d'y jouer sans scènes de sexe[2] et par là de faire reconnaître leur talents d'actrices.
En 2000, Philippe Godeau, fondateur d'avant garde de la société Pan-Européenne formé chez Gaumont, accepte de la produire à condition que la caméra, comme dans les films pornographiques, soit portée à l'épaule, que les scènes de sexe du roman ne soient pas autocensurées et que celles-ci ne soient pas simulées[2]. Pour l'aider dans la réalisation, l'ancienne élève de l'école cinématographique de Lyon fait appel à Coralie Trinh Thi, actrice pornographique de vingt-cinq ans qui a reçu le Hot d'or 1996 et a la singularité d'« oser prendre son pied sur un tournage et oser le dire ». Les rôles sont confiés à Karen Lancaume et Raphaëla Anderson.