Grand-Père est mort et avec sa disparition, naît le temps de songer à sa mémoire et à celle de millions d'autres, de transmettre leur histoire. Mais aucun livre ne peut raconter l'histoire de ce grand-père né en Pologne en 1901, fuyant la misère de son pays, allant vers la France pour fonder une famille. Il pénétrera soudain dans la nuit et le brouillard de la seconde guerre mondiale, cachant ses deux fils à la campagne. Un train le conduira tout droit vers les ténèbres. Au milieu du camp, il décidera de résister, de rester [...] vivant. Tombé malade, il se demandera toute la fin de sa vie pourquoi on a bien voulu lui donner des médicaments, pourquoi lui a pu partir et pas ses camarades, pour quoi ? Gilles Rapaport signe ici un livre remarquable et aborde avec une impressionnante justesse le sujet du devoir de mémoire et de la déportation. Le texte procède avec retenue (les mots de la déportation ne seront jamais prononcés directement) et est en même temps d'une incroyable force. Cette impression de force est soulignée par la qualité des illustrations, toutes en noir, blanc et bleu, aux traits gras et d'une étonnante sobriété.