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Cote | Localisation | Statut |
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R SAG | Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0386294577 |
Auteur | Françoise Sagan |
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Titre | Le Miroir égaré / Françoise Sagan. |
Editeur | Paris : Plon, 1996. |
Description | 225 p. ; 20 cm |
Langue | Français. |
Centre d'intérêts | Roman adulte |
Catégorie | Roman adulte |
Support | Livre |
Médias
Françoise Sagan, de son vrai nom Françoise Quoirez, est une femme de lettres française née le à Cajarc (Lot) et morte le à Honfleur (Calvados).
Elle devient célèbre dès son premier roman, Bonjour tristesse, publié en 1954 à l'âge de dix-huit ans. Elle est connue pour la « petite musique[1] » de ses récits romantiques mettant en scène une bourgeoisie riche et désabusée. Elle est connue aussi pour défrayer régulièrement la chronique mondaine et judiciaire. Le « charmant petit monstre », comme la surnomme François Mauriac, écrit également des biographies, des pièces de théâtre, des chansons, et contribue à l'écriture de scénarios et de dialogues de films.
Françoise Quoirez naît le à Cajarc, dans le Lot, où vit sa famille maternelle, les Laubard, propriétaires terriens[2]. Sa mère, Marie (1903-1989), est l'épouse de Pierre Quoirez (1900-1978), issu d'une famille d'industriels du Nord de la France. Ingénieur IDN (École centrale de Lille, promotion 1921), il dirige la société des fours Rousseau, à Argenteuil. Françoise est la quatrième enfant du couple. Sa sœur Suzanne est née le 6 janvier 1924, Jacques le 20 août 1927. Un autre frère, Maurice, est mort en bas âge[3]. Après la perte de cet enfant, la naissance d'une petite fille apparaît aux Quoirez comme un cadeau du ciel. Ils passent à Françoise tous ses caprices : « Elle était une enfant pourrie-gâtée, dit sa sœur à la journaliste Marie-Dominique Lelièvre. Toute sa vie, elle a joui d'une totale impunité[4]. » « Adulte, écrit Tristan Savin, gâtée par le succès, elle restera un Petit Poucet androgyne, qui sème des trous de cigarettes partout sur son passage[5]. »
Françoise est surnommée « Kiki »[6]. Son enfance se partage entre Paris et le Lot[7]. Durant l'Occupation, la famille vit à Lyon et passe week-ends et vacances à Saint-Marcellin, dans l'Isère, où Pierre Quoirez dirige l'antenne de la Compagnie générale d'électricité[8]. Françoise Sagan va rester marquée toute sa vie par un film d'actualité sur les camps de la mort qu'elle voit quand elle a dix ans, en 1945, au cinéma Éden de Saint-Marcellin[9].
Après la guerre, la famille retrouve l'appartement du 167, boulevard Malesherbes, à Paris[11]. La scolarité de Françoise est mouvementée[12]. Elle entre en 6e au cours Louise-de-Bettignies[13]. Elle est renvoyée trois mois avant la fin de l'année scolaire[14] :
Elle est ensuite renvoyée du Couvent des Oiseaux pour « manque de spiritualité[16] ». Elle fait un passage « épouvantable et fulgurant[17] » au Sacré-Cœur-de-Bois-Fleuri, à La Tronche, près de Grenoble. Elle fait un trimestre à La Clarté, une école catholique de Villard-de-Lans, où elle laisse un « très bon souvenir[18] ».
Cependant, elle lit énormément : Les Nourritures terrestres de Gide à 13 ans, L'Homme révolté de Camus à 14 ans, Les Illuminations de Rimbaud à 16 ans, Musset, Rousseau[19], Le Sabbat de Maurice Sachs, tout Cocteau, les poèmes de Shakespeare, Proust, Benjamin Constant, Nietzsche, Faulkner[20], Colette, Prévert, Stendhal, la Série noire[21], Flaubert, Hemingway, Fitzgerald, un peu Malraux, et Sartre, avec qui elle deviendra amie plus tard.
De retour à Paris, elle entre au cours Hattemer[16]. Elle s'y lie d'amitié avec Florence Malraux, fille d'André et de Clara Malraux[22]. En 1951, elle n'obtient sa première partie de baccalauréat qu'à la session de rattrapage. Le scénario se reproduit l'année suivante : elle doit passer l'été 1952 dans une « boîte à bac », l'institut Maintenon[23], et n'obtient sa deuxième partie de baccalauréat qu'en septembre[24]. Elle s'inscrit à la Sorbonne[25]. Jacques, son frère, l'entraîne dans les boîtes de nuit et les clubs de jazz de Saint-Germain-des-Prés. Elle y côtoie la jeunesse parisienne bourgeoise, fait la fête et boit de l'alcool[26].
C'est au cours de cette année de faculté, sur les tables du café Le Cujas, qu'elle commence à écrire Bonjour tristesse[27], son premier livre, dont elle emprunte le titre à un vers d'Éluard[28]. Le roman commence par la phrase : « Sur ce sentiment inconnu dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. » Françoise échoue à son examen de propédeutique[29]. Elle finit son livre durant l'été 1953, dans l'appartement familial de Paris[30]. Son amie Florence Malraux soumet le manuscrit à sa mère, qui le parcourt distraitement, le transmet sans enthousiasme à François Nourissier, jeune écrivain qui est alors secrétaire général chez Denoël. Nourissier ne le lit pas[31].
Colette Audry, professeur de lettres, suggère à la jeune fille de revoir le dénouement[32]. Elle lui recommande trois éditeurs. Françoise conçoit un dénouement plus tragique, et fait retaper le manuscrit proprement en trois exemplaires. Le , elle en dépose un chez Julliard et un chez Plon[33]. Chez Gallimard, elle se heurte à Odette Laigle, la secrétaire de Gaston Gallimard, qui la reçoit fort mal. Elle n'insiste pas[34]. Plon tarde à réagir[35]. Julliard donne son accord dès le [36]. Son père ne voulant pas que son nom apparaisse en couverture, Françoise Quoirez devient Françoise Sagan, en référence à un personnage de Proust, Hélie de Talleyrand-Périgord, prince de Sagan[37].
Elle a dix-huit ans. Son court roman sort en librairie le [38]. Il obtient le le prix des Critiques[39], décerné par un jury prestigieux (Jean Paulhan, Maurice Nadeau, Georges Bataille, Marcel Arland, Roger Caillois, Émile Henriot, Gabriel Marcel, Maurice Blanchot, Dominique Aury, Robert Kemp[40]). Il connaît un succès de librairie immédiat[41].
Le 1er juin[42], François Mauriac écrit à la une du Figaro : « … ce prix des Critiques décerné […] à un charmant petit monstre de dix-huit ans [dont] le mérite littéraire éclate dès la première page et n'est pas discutable[43]. » Dans la France de René Coty, le roman fait un scandale : « Toute une classe établie fut effarouchée au point de faire de ce premier roman un phénomène, qui poussa un François Mauriac à prendre à partie le ciel (« Le diable n'était-il pas envoyé sur terre en voiture de sport ? ») tandis que ses pairs concluaient à la décadence pendant que la légende prenait son essor[44] ». Interrogée quelques années plus tard sur ce sujet, elle répond : « En fait, j'ai été très surprise du scandale que ce livre a suscité. Pour les trois quarts des gens, le scandale de ce roman, c'était qu'une jeune femme puisse coucher avec un homme sans se retrouver enceinte, sans devoir se marier. Pour moi, le scandale dans cette histoire, c'était qu'un personnage puisse amener par inconscience, par égoïsme, quelqu'un à se tuer. »[45].
La même année 1954, Hélène Gordon-Lazareff, la directrice du magazine Elle, lui commande une série d'articles sur l'Italie. On ne sait si elle en profite pour voir Les Vitelloni, le film de Federico Fellini qui décrit la jeunesse dorée de Rimini, mais elle joue au reporter du sud au nord de la péninsule. L'hebdomadaire titre ses reportages « Bonjour Naples », « Bonjour Capri », « Bonjour Venise »... Dans ces petits textes légers, où chaque ville visitée est comparée à une femme, ce « Bonjour » devient sa griffe. Elle se lie d'amitié avec de grands noms : Julien Green, Michel Déon, Pierre Lazareff, Florence Malraux... Ses amis proches qu'elle gardera toute sa vie, Bernard Frank et Florence Malraux, ont le même âge qu'elle, les mêmes origines bourgeoises et le même amour des livres, à cette différence près qu'ils sont juifs, explique Tristan Savin. Il ajoute : « La lucidité, face aux horreurs du monde, aux mensonges des adultes, les rapproche tous les trois[5]. » En 1955, elle part pour New York faire la promotion de son livre. Elle rencontre alors l'éditeur Guy Schoeller (qui deviendra quelques années plus tard son mari). Elle devient l'amie intime du danseur Jacques Chazot.
Son deuxième roman Un certain sourire, dédié à Florence Malraux, paraît en 1956. C'est à nouveau un succès. Happée par le succès et l'argent, Sagan se laisse prendre dans les rets du jeu, notamment à Monte-Carlo. Elle gagne beaucoup d'argent. Elle suit le conseil de son père : « À ton âge, c'est dangereux. Dépense-les ! ». Ce seront les casinos (son gain de 8 000 000 francs[46] dans la nuit du 8 août 1958 à Deauville lui permet d'acheter le manoir du Breuil à Équemauville près de Honfleur[47]), les boîtes de nuit (à Saint-Tropez, Chez Castel, chez Régine), les voitures de sport (Jaguar XK et Type E, Aston Martin DB, Ferrari 330 California...), qu'elle conduit à vive allure dans Paris la nuit avec son frère Jacques Quoirez, son complice, ce que la presse appellera le « monde saganesque »[48]... Le public la confond avec ses personnages et elle devient rapidement, malgré elle, le symbole d'une génération aisée, insouciante et désinvolte, sexuellement libérée, un James Dean au féminin. Éternelle adolescente, elle incarne un mode de vie et même une mode pour les jeunes gens avec ses jeans, ses marinières à rayures, ses espadrilles sans chaussettes. Françoise Sagan a tout, dans ces années de prospérité de l'immédiat après-guerre, du phénomène de société.
Le , au volant de son Aston Martin, en compagnie de Bernard Frank, Voldemar Lestienne et Véronique Campion, elle est victime d’un grave accident sur la route de Corbeil près de Paris, qui la laissera entre la vie et la mort durant quelques jours[49]. Elle souffre de multiples fractures du crâne, du thorax et du bassin. Pour atténuer la douleur, et durant trois mois, on lui administre du Palfium 875, un dérivé morphinique. Ses passagers quant à eux s'en tireront avec de légères blessures. À sa sortie de l’hôpital, elle entame une cure de désintoxication dont elle tient le journal. Dans Toxique, illustré par des dessins de Bernard Buffet, elle s'observe, elle s'analyse : « il y avait longtemps que je n'avais pas vécu avec moi-même » et elle s'aperçoit qu'elle ne s'aime pas. Désormais, comme la passion de l'écriture et l'addiction à la drogue, « l'horreur de la solitude est l'un des fils rouges de son existence »[50]. Cette première cure de désintoxication sera un échec, elle se mettra à boire, ce qui lui provoque une polynévrite qui la fait atrocement souffrir. Désormais la jeune femme libre est devenue dépendante des médicaments, de l'alcool et des drogues[51], comme elle le confirme elle-même : « La seule chose que je trouve convenable - si on veut échapper à la vie de manière un peu intelligente – c'est l'opium »[52].
En 1958, elle épouse l'éditeur Guy Schoeller, plus âgé qu'elle de vingt ans, qui la protège depuis de nombreuses années comme un père. Elle en divorce en 1960, pour se marier, deux ans plus tard, avec un mannequin américain Robert Westhoff (1930-1990)[53], dont elle a un fils, Denis Westhoff, en 1962 : « Quand on me l'a mis dans mes bras, j'ai eu une impression d'extravagante euphorie […] je sais ce que c'est d'être un arbre avec une nouvelle branche : c'est d'avoir un enfant »[54]. Le couple divorce rapidement mais poursuit la vie commune avant de se séparer en 1972.
Si Françoise Sagan montrait son amour du jeu et sa passion des belles voitures, elle n'avouait pas sa bisexualité et pourtant les histoires d'amour qui comptent dans sa vie sont féminines. Son grand amour est la styliste Peggy Roche, ancienne journaliste de mode (et ex-épouse de l'acteur Claude Brasseur[55]) qui, jusqu'à sa mort en 1991, fut sa fidèle compagne.
Sagan a vécu entourée d'un petit cercle d'intimes dont Bernard Frank, qui avait sa chambre chez elle et qui la surnommait la « Mademoiselle Chanel de la littérature », Florence Malraux, Jacques Chazot, Juliette Gréco, Charlotte Aillaud et Massimo Gargia. Elle gagne beaucoup d'argent et se montre très généreuse. Ses livres lui rapportent beaucoup d'argent mais cet argent lui brûle les doigts : elle le distribue, comme ses vêtements, ses bijoux et même ses manuscrits dont pas un seul ne parviendra à son fils Denis.
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