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Cote | Localisation | Statut |
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364.6 BAD | Histoire - Société Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0798294577 Identifiant: Pôle Histoire-Société Identifiant: Bleu |
Auteur | Robert Badinter |
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Titre | Contre la peine de mort : écrits 1970-2006 / Robert Badinter. |
Editeur | Paris : Fayard, 2006. |
Description | 319 p. ; 24 cm |
Langue | Français. |
Indice | 364.6 |
Centre d'intérêts | Documentaire adulte |
Support | Livre |
A ce moment de mon existence déjà longue... , je mesure le chemin parcouru vers l'abolition universelle. Mais, tant qu'on fusillera, qu'on empoisonnera, qu'on décapitera, qu'on lapidera, qu'on pendra, qu'on suppliciera dans ce monde, il n'y aura pas de répit pour tous ceux qui croient que la vie est, pour l'humanité tout entière, la valeur suprême, et qu'il ne peut y avoir de justice qui tue... Mais ma conviction est absolue : la peine de mort est vouée à disparaître de ce monde plus tôt que les sceptiques, les nostalgiques ou les [...] amateurs de supplices le pensent.
Médias
Robert Badinter, né le dans le 16e arrondissement de Paris, est un avocat, universitaire, essayiste et homme politique français.
Président du Conseil constitutionnel de 1986 à 1995, il est principalement connu pour son combat contre la peine de mort, dont il obtient l'abolition en France le en tant que garde des Sceaux, sa lutte en faveur de la réinsertion des détenus, pour la suppression de la disposition légale pénalisant les relations homosexuelles avec un mineur pour des âges où les relations hétérosexuelles étaient légales, et aussi pour sa participation à la rédaction d'évolutions du Code pénal.
Son père, Simon Badinter, juif originaire de Bessarabie (raion de Telenești), est arrêté par la Gestapo lors de la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon le . Robert Badinter va à la recherche de son père et évite de justesse l'arrestation[1]. Son père est déporté du Camp de Drancy, par le Convoi No. 53, en date du 25 mars 1943. Il meurt peu après au camp d'extermination de Sobibor dans le Gouvernement général de Pologne[2]. Sa mère, Charlotte Rosenberg[3] (née en 1899 à Edinietz, Bessarabie), ne savait ni lire ni écrire[4].
Robert Badinter réalise ses études supérieures aux facultés de Lettres et de Droit de l'université de Paris, où il obtient la licence en lettres en 1947 et la licence en droit en 1948. Il obtient une bourse du gouvernement français pour compléter sa formation aux États-Unis, et obtient en 1949 la maîtrise en arts de l'université Columbia[5].
De 1957 à 1965, il est marié à l'actrice Anne Vernon[6]. En 1966, il épouse en secondes noces la philosophe et écrivaine Élisabeth Badinter, fille de Marcel Bleustein-Blanchet, fondateur de Publicis, et de Sophie Vaillant, elle-même petite-fille du député socialiste et communard Édouard Vaillant, avec laquelle il a trois enfants[7],[8].
Revenu en France, il s'inscrit comme avocat au barreau de Paris en 1951 et commence sa carrière comme collaborateur d'Henry Torrès[9]. Il obtient un doctorat en droit à la faculté de droit de Paris en 1952 avec une thèse sur « Les conflits de lois en matière de responsabilité civile dans le droit des États-Unis ».
En mai 1963 à Dakar, il défend le ministre des Finances sénégalais, Valdiodio N'diaye, accusé de « tentative de coup d'État » par le président de la République Léopold Sédar Senghor, dans le cadre de la crise politique de décembre 1962[10].
Lauréat du concours d'agrégation de droit en 1965, il devient ainsi maître de conférences, puis occupe des postes de professeur d'université de droit à l'université de Dijon, à celle de Besançon, d'Amiens, avant d'être nommé, en 1974 à l'université Paris-I, où il enseigne jusqu'en 1994, date à laquelle il devient professeur émérite[5].
Parallèlement à sa carrière universitaire, il fonde en 1965 avec Jean-Denis Bredin le cabinet d'avocats Badinter, Bredin et partenaires[11], où il exerce jusqu'à son entrée dans le gouvernement en 1981. Il participe à la défense du baron Édouard-Jean Empain après l'enlèvement de celui-ci et exerce autant comme avocat d'affaires (Boussac, talc Morhange, Empain, l'Aga Khan, etc.) que dans le secteur du droit commun.
En 1972, il est le défenseur de Roger Bontems mais ne parvient pas à éviter la peine de mort à son client pour qui la Cour n'avait retenu que la complicité dans l'affaire du meurtre d'une infirmière et d'un gardien de la centrale de Clairvaux. Cet événement marque le début de son long combat contre la peine de mort et explique le fait qu'il accepte de codéfendre Patrick Henry, qui avait tué un garçon de sept ans en 1976. Grâce à sa plaidoirie contre la peine de mort en 1977, il sauve Patrick Henry de la peine capitale, ce dernier étant alors condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Par la suite, toujours dans le cadre de sa lutte contre la peine capitale, il défendra et évitera également la mort à :
En 1973, il présente L'Exécution dans Italiques[17].
En 1974, il défend sans succès le joueur américain de tennis Jimmy Connors contre la Fédération française de tennis et son président Philippe Chatrier qui lui avait interdit de jouer le tournoi de Roland-Garros parce que sous contrat avec la World Team Tennis. Connors gagna cette année là les trois autres tournois du Grand Chelem de tennis, il ne réussit ensuite jamais le Grand Chelem.
Il défend également la milliardaire Marie Christine von Opel (de), condamnée le par la chambre correctionnelle de cour d'appel d'Aix-en-Provence à cinq années d'emprisonnement pour une affaire de stupéfiants et libérée le avec vingt autres femmes détenues, par une grâce du président de la République proposée par Robert Badinter, devenu alors ministre de la Justice[18].
En octobre 1979, il défend le directeur de la société Givaudan, Hubert Flahaut, dans l'affaire du talc Morhange qui avait provoqué la mort de nombreux nourrissons sept ans auparavant. Il déclare alors à ce propos : « Ce n'est pas une société qui est jugée, mais un homme, je me sens un devoir de défendre cet homme »[19]. En 1981, François Mitterrand devenu président de la République amnistie définitivement tous les condamnés de ce procès sur proposition de son nouveau Garde des Sceaux, Robert Badinter.
Son dernier procès avant de devenir ministre de la Justice est celui contre le négationniste Robert Faurisson, qu'il fait condamner en 1981 pour avoir « manqué aux obligations de prudence, de circonspection objective et de neutralité intellectuelle qui s'imposent au chercheur qu'il veut être » et avoir « volontairement tronqué certains témoignages ». Et cela avant la loi Gayssot qui date de juillet 1990 et qui qualifie de délit le fait de contester l'existence d'un crime contre l'humanité jugé par le Tribunal militaire international de Nuremberg[2].
De 1986 à 1991, il anime avec l'historienne Michelle Perrot un séminaire sur la prison sous la Troisième république à l'École des hautes études en sciences sociales. La Prison républicaine (1871-1914) qu'il publie en 1992 vient conclure ce cycle de travail[20].
Sa carrière politique débute comme ministre de la Justice (du au ). À ce poste, il propose « au nom du gouvernement de la République » d'abolir en France la peine de mort le . Il porte également des projets de lois, issus des 110 propositions du candidat François Mitterrand comme :
Il relance en 1985 la commission de révision du code pénal instituée par Valéry Giscard d'Estaing en 1974 et qui s'était éteinte après l'élection de François Mitterrand en 1981.
François Mitterrand, président de la République, le nomme président du Conseil constitutionnel[22] en ; il occupe cette fonction jusqu'en .
Lors du renouvellement du Sénat du , il est investi face à la sortante Françoise Seligmann et devient l'unique sénateur PS des Hauts-de-Seine.
Au niveau international, il préside la « Commission d'arbitrage pour la paix en Yougoslavie » (communément appelée Commission Badinter) qui est créée le par la Communauté européenne. Avec quatre autres présidents de cours constitutionnelles européennes, la commission Badinter rend, de à , quinze avis sur les problèmes juridiques qu'entraîne la sécession de plusieurs États de l'ancienne Yougoslavie. Ces avis ont notamment permis de préciser certains points comme l'existence et la reconnaissance des États, les règles de succession et de respect des traités internationaux par ces derniers et la définition des frontières[23].
En 1991, il participe à l'élaboration de la Constitution de la Roumanie.
Depuis 1995, Robert Badinter est président de la Cour européenne de conciliation et d'arbitrage de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.
À la suite de problèmes de santé, notamment des problèmes de vue, il annonce sa décision de ne pas se représenter au poste de sénateur des Hauts-de-Seine. Il se représente finalement et est réélu en 2004.
Il est membre du conseil d'administration de l'Institut français des relations internationales (IFRI)[24]. La promotion 2003 de l'École nationale de la magistrature (ENM), les promotions 2009-2011 de l'ENA, 2011-2016 de l'IEP d'Aix-en-Provence, 2011-2012 de la classe préparatoire à l'Ecole Normale Supérieure de Cachan (voie D1) du lycée Gustave Eiffel de Bordeaux, 2013-2014 de l'EFB et 2011-2014 du magistère de droit des activités économiques de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne portent son nom.
Ayant quitté son mandat de sénateur, Robert Badinter profite de son retour à la vie civile pour donner naissance à « un projet conçu depuis longtemps ». En effet, assisté de deux autres professeurs de droit, il crée un cabinet de consultations juridiques nommé Corpus consultants, destiné à répondre à des questions précises que des juristes uniquement leur soumettent. Ce cabinet est composé de membres tous professeurs agrégés de droit et reconnus dans leur domaine.
En 2013, il crée l'opéra Claude, tiré du roman Claude Gueux de Victor Hugo[25],[26].
Depuis le décès de Maurice Faure le 6 mars 2014, Robert Badinter est le doyen des ministres de la Justice français[27].
En juin 2015, il publie Le Travail et la Loi avec le juriste Antoine Lyon-Caen, un ouvrage qui plaide pour réformer le Code du travail. En novembre de la même année, le Premier ministre Manuel Valls lui confie pour mission de fixer en deux mois les grands principes de ce nouveau code, qui devrait entrer en vigueur en 2018[28].
Son combat pour l'abolition de la peine de mort commence véritablement après l'exécution de Roger Bontems le . Pour comprendre l'importance de cette exécution pour Robert Badinter, il faut expliquer les faits qui ont conduit Roger Bontems à la guillotine.
Bontems était le complice de Claude Buffet durant la prise d'otage d'un surveillant et d'une infirmière à la centrale de Clairvaux. Durant l'assaut, Buffet égorgea le surveillant et l'infirmière. Il a bien été reconnu durant le procès que c'était Buffet qui avait commis les deux meurtres, mais Bontems aurait néanmoins tenu les victimes pendant que Buffet les égorgeait. Les jurés décidèrent de les condamner tous les deux à la peine de mort. Le fait d'être condamné à mort, pour une personne qui n'avait pas tué, révolta Robert Badinter. Déjà partisan de l'abolition (par exemple dans les années 1960 lors de sa participation à l'émission de Pierre Desgraupes et Pierre Dumayet, Lecture pour tous, où il présente une opposition véhémente à la peine capitale), c'est à partir de cette exécution qu'il devint un farouche partisan de l'abolition de la peine de mort.
C'est principalement pour cette raison qu'il accepta de défendre Patrick Henry. Durant le mois de janvier 1976, Philippe Bertrand âgé de huit ans fut enlevé. Quelques jours plus tard, Patrick Henry fut interpellé par la police. Il désigna lui-même le dessous de son lit où se trouvait le petit Philippe, mort, dans une couverture. Ce qui révolta le plus la population française fut le comportement de Henry durant l'enquête avant son interpellation définitive. Quelques jours après l'enlèvement de Philippe Bertrand, les policiers suspectaient déjà Henry, mais faute de preuve, ils durent le relâcher. Il s'exhiba ensuite devant les caméras pour dire à qui voulait l'entendre que les kidnappeurs et les tueurs d'enfants méritaient la mort. Au côté de Robert Bocquillon, Badinter prit la défense de Henry. Mais au lieu de défendre un tueur d'enfant, Badinter fit le procès de la peine de mort. Henry ne fut pas condamné à mort mais condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
Après un tel verdict, on aurait pu croire qu'aucun tribunal ne prononcerait à nouveau une condamnation à mort en France. Ce ne fut pas le cas. Mais ce verdict permit de lancer un vrai débat. Et le visage de Robert Badinter devint celui des partisans de l'abolition de la peine de mort.
Entre l'affaire Patrick Henry, condamné en 1977, et l'abolition de la peine de mort en 1981, deux personnes furent exécutées (Jérôme Carrein et Hamida Djandoubi). Badinter participa activement aux deux campagnes présidentielles de François Mitterrand (celles de 1974 et 1981). Cette fidélité lui ouvrit naturellement les portes de l'hôtel de Bourvallais en tant que garde des Sceaux, ministre de la Justice des gouvernements de Pierre Mauroy. L'une de ses premières actions législatives a été d'avoir eu « l'honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l'Assemblée nationale l'abolition de la peine de mort en France » en présentant et défendant le projet de loi visant à abolir la peine de mort en France[29]. Ce projet de loi fut adopté par l'Assemblée nationale, le (par la majorité de gauche mais aussi certaines voix de droite dont celles de Jacques Chirac et de Philippe Séguin), puis par le Sénat le , et devint la loi no 81-908 du , promulguée le lendemain[30].
Un certain 11 juin 1851, la Cour d'assises de Paris a une drôle d'allure. Devant un parterre de lettrés et d'artistes, il y a là Charles Hugo, journaliste à L'Événement, accusé d'avoir outragé la loi en décrivant l'exécution d'un braconnier guillotiné à Poitiers. Son avocat est Victor Hugo, son père. La plaidoirie est une dénonciation éloquente de la peine de mort : Ce reste de pénalités sauvages, cette vieille et inintelligente loi du talion, cette loi du sang pour le sang, je l'ai combattue toute ma vie, messieurs les [...] jurés. Et tant qu'il me restera un souffle dans la poitrine, je la combattrai de tous mes efforts comme écrivain, de tous mes actes et de tous mes votes comme législateur. Charles Hugo fut cependant condamné à six mois de prison. Il n'en reste pas moins que Victor Hugo est resté fidèle à sa parole, à une idée, une obsession même, traversant toute son existence tumultueuse : l'abolition de la peine capitale. Pour qui que ce soit. Qu'il s'agisse de Maximilien, empereur déchu au Mexique, de John Brown, anti-esclavagiste condamné à la pendaison, des nihilistes russes, des patriotes irlandais ou des communards. Cette volonté, née dès les années 1820, s'est affichée dans ses discours politiques, ses pièces de théâtre, ses romans, ses recueils poétiques. À commencer par les Odes et Ballades (1822) ou Le Dernier jour d'un condamné (1829), époustouflante plaidoirie ; à suivre par Notre-Dame de Paris (1833), Les Contemplations (1856), Les Misérables (1862), Les Actes et Paroles (1875) et La Légende des siècles (1883). C'est précisément un recueil de ces textes, d'extraits puisés ici et là, que rassemble ce précieux ouvrage. Avec un double avantage, celui d'indiquer clairement les sources et de bénéficier d'un avant-propos signé par Robert Badinter, cet autre abolitionniste de la peine capitale, qui obtiendra gain de cause en 1981. --Céline Darner
Édition poche d'avril 1995 avec un chateau dessiné en 1re de couverture. Tranches sales et plusieurs pages cornées dont 1re et 4e de couverture. Liste de mots avec leur brève définition écrite à la main en fin d'ouvrage.