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Cote | Localisation | Statut |
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R BOU | Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0811614577 |
Auteur | Nina Bouraoui |
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Titre | Avant les hommes / Nina Bouraoui. |
Editeur | Paris : Stock, 2007. |
Description | 89 p. ; 19 cm |
Langue | Français. |
Centre d'intérêts | Roman adulte |
Support | Livre |
Médias
Nina Bouraoui est une romancière française née le à Rennes, d'un père algérien (originaire de Jijel, dans le pays des Kotama) et d'une mère bretonne.
Le déracinement, la nostalgie de l'enfance, le désir, l'homosexualité, l'écriture et l'identité sont les thèmes majeurs de son travail. Elle est officier de l'ordre des Arts et des Lettres et ses romans sont traduits dans une quinzaine de langues.
Nina Bouraoui passe avec sa sœur les quatorze premières années de sa vie à Alger. Issue d'une double culture fortement marquée par l'histoire (guerre d'Algérie), elle est une enfant réservée, un peu sauvage, sportive (tennis). C'est lors d'un été en Bretagne, dans sa famille maternelle, qu'elle apprendra la décision de ses parents de ne pas retourner en Algérie ; ici naît le déracinement, véritable fêlure accentuée par l'absence d'au revoir. Elle vivra son adolescence successivement à Paris, Zurich et Abou Dabi, puis revient à Paris après son baccalauréat pour étudier la philosophie et le droit. Attirée dès l'enfance par le dessin et l'écriture, c'est l'écriture qui lui permettra de « trouver sa place dans le monde ». Elle dit « écrire avec son corps ». Pour elle, l'écriture est un temps où « la sensualité n'est pas séparée de l'esprit[1] ».
C'est grâce à l'envoi de son manuscrit par la poste, sans recommandation, qu'est publié son premier roman La Voyeuse interdite (Gallimard) en 1991[2], qui connaîtra un succès international et recevra le prix du Livre Inter.
Certains de ses romans relatent des désirs ou amours homosexuels ; Nina Bouraoui elle-même ne cache pas son homosexualité. Bien que ce thème soit souvent mis en avant par les médias, elle précise ne se sentir « ni porte-drapeau ni vraiment pro-mariage[3] ». Dénonçant le catalogage souvent associé à l'homosexualité féminine, « entaché des fantasmes pornographiques des hommes », à ses yeux « l'homosexualité, ce n'est pas une identité. Je pense que le désir et la sexualité ne sont pas dissociables de l'amour »[4]. Elle se déclare gênée lorsqu'on lui demande d'aborder son intimité, chose dont elle ne parle jamais sinon à travers le « voile déformant de l'écriture[5] ». Nina Bouraoui partage sa vie « en âme-sœur », avec L'Amie, un personnage récurrent de ses romans.
Son neuvième roman, Mes mauvaises pensées, (Stock) obtient le prix Renaudot en 2005.
Ses romans abordent l'amour, le désir, l'exil, l'identité et ses troubles, avec en toile de fond une palette de paysages, de couleurs et de sensations issus d'une enfance algérienne dont elle conserve la nostalgie. Dès son premier roman en 1991 s’affirme l'influence de Marguerite Duras dans son œuvre. La vie et les œuvres d'Hervé Guibert, Annie Ernaux, Violette Leduc et David Lynch, parmi d'autres, se retrouvent aussi dans ses romans (et ses chansons), surtout dans Mes mauvaises pensées.
L'écriture de Nina Bouraoui ne cesse d'évoluer au fil de ses romans. Les premiers, publiés dans les années 1990 (La Voyeuse interdite, Poing mort, Le Bal des murènes et L'âge blessé) sont faits d'une écriture poétique, très travaillée, qui contraste avec la violence des thèmes abordés (la condition de la femme, la mort, la guerre, la mémoire transgénérationnelle et collective...). Puis Le jour du séisme, Garçon manqué, La Vie heureuse et Poupée Bella s'inscrivent dans un cycle que certains rapprocheront de l'autofiction (Nina Bouraoui elle-même dit ne pas se reconnaître dans ce qualificatif), la structure des phrases se modifie (virgule, juxtaposition d'images et de mots, phrases courtes) et les thèmes abordés s'ouvrent plus concrètement sur le désir et la quête amoureuse, les problématiques du métissage[6] ou de l'identité, y compris sexuelle[7], les premiers sentiments et sensations de l'enfance et de l'adolescence, l'impuissance face à la violence du monde extérieur. Ce cycle se clôt par Mes mauvaises pensées (2005) qui reprend les thèmes, lieux (Alger, Paris, Zurich...) et personnages (l'amie, Diane, Marion...) abordés dans les romans précédents, mais qui surtout amorce un nouveau cycle où la structure du roman et l'écriture se densifient.
Avec Appelez-moi par mon prénom, publié en 2008, elle raconte la passion naissante entre une femme écrivain parisienne et l'un de ses admirateurs suisse, un jeune homme de près de 16 ans son cadet qui, lors d'une dédicace dans sa ville de résidence à Lausanne, lui apporte un DVD inspiré de son dernier roman et l'adresse de son site internet ; malgré les obstacles à leur relation (écart d'âge, rompre ou pas la barrière entre l'artiste et son admirateur, distances géographique et culturelle entre ces deux villes de pays différents : Paris et Lausanne), il naît un désir progressif et envahissant de cette femme pour ce jeune homme ; désir attisé par le renvoi à sa propre jeunesse lors de ses études passées justement en Suisse, par l'imaginaire, le fantasme de l'autre via son identité numérique (site internet), l'attente, les non-dits, et qui a pour support l'instantanéité des nouveaux modes de communication (sms, mails)[8]. La séduction par l'écriture, l'ajustement mystérieux des mots donnés ou non à l'autre, deviennent le support premier à la construction d'une possible relation amoureuse. Un écho en forme d'hommage à la relation qu'ont entretenu Marguerite Duras et Yann Andréa, que Nina Bouraoui avait d'ailleurs rencontrés à l'âge de 25 ans : « J'ai eu la chance de rencontrer Marguerite Duras et Yann Andréa il y a très longtemps dans le cadre d'une émission suisse, j'étais le fil conducteur, c'était le parcours d'un jeune auteur illustré par des auteurs plus que confirmés [...] »[9].
Fascinée par l'art contemporain, elle dresse en 2010, dans Nos Baisers sont des adieux une liste d'hommes et de femmes, portraits amoureux éclairés par les œuvres de Nan Goldin, de Robert Mapplethorpe et de Cindy Sherman. Avec Sauvage, elle effectue un retour au socle central de son travail : la terre poétique et algérienne, décor de l'histoire entre Alya et Sami son premier amour, qui disparaît, absorbé par la campagne à la veille des années 1980. Elle y développe une approche métaphysique de l'amour, « fusion entre la matière et le spirituel, entre Dieu et la nature »[10].
Outre les thèmes abordés, c'est bien par son travail sans cesse renouvelé de la langue française que se distingue Nina Bouraoui, elle qui aux questions d'appartenance culturelle ou nationale répond qu'elle préfère le « pays des mots ».
Elle est également parolière, pour le groupe Les Valentins en 1993, pour Céline Dion en 2007 et en 2012, pour Garou ainsi que pour Sheila avec la chanson Une arrière-saison. La musique n'est d'ailleurs pas absente de ses romans, ainsi des chansons populaires des années 1970-1980 accompagnent parfois certains passages de ses romans (Garçon manqué, Poupée Bella, Mes mauvaises pensées, etc.).