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Cote | Localisation | Statut |
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TH MOL | Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0822954577 Identifiant: Pôle Langues-Littérature Identifiant: Magenta |
Auteur | Molière [auteur] |
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Titre | 2 : Oeuvres complètes / Molière ; sous la resp. de Georges Mongrédien. |
Editeur | Paris : Flammarion, 2005. |
Collection | GF-Flammarion ; 41 |
Description | 441 p. : couv ill. ; 18 cm |
Langue | Français. |
Indice | TH |
Centre d'intérêts | Documentaire adulte |
Autres auteurs | Georges Mongrédien [éditeur scientifique] |
Support | Livre |
Médias
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, est un comédien et dramaturge français, baptisé le à Paris, où il est mort le .
Issu d'une famille de marchands parisiens, il s'associe à 21 ans avec une dizaine de camarades, dont la comédienne Madeleine Béjart, pour former la troupe de l’Illustre Théâtre qui, malgré la collaboration de dramaturges de renom, ne parvient pas à s'imposer à Paris. Pendant treize ans, Molière et ses amis Béjart parcourent les provinces méridionales du royaume au sein d'une troupe itinérante entretenue par plusieurs protecteurs successifs. Au cours de cette période, Molière compose quelques farces ou petites comédies et ses deux premières grandes comédies. De retour à Paris en 1658, il devient vite, à la tête de sa troupe, le comédien et auteur favori du jeune Louis XIV et de sa cour, pour lesquels il conçoit de nombreux spectacles, en collaboration avec les meilleurs architectes scéniques, chorégraphes et musiciens du temps. Il meurt à l’âge de 51 ans, quelques heures après avoir tenu pour la quatrième fois le rôle-titre du Malade imaginaire.
Grand créateur de formes dramatiques, interprète du rôle principal de la plupart de ses pièces, Molière a exploité les diverses ressources du comique — verbal, gestuel et visuel, de situation — et pratiqué tous les genres de comédie, de la farce à la comédie de caractère. Il a créé des personnages individualisés, à la psychologie complexe, qui sont rapidement devenus des archétypes. Observateur lucide et pénétrant, il peint les mœurs et les comportements de ses contemporains, n'épargnant guère que les ecclésiastiques et les hauts dignitaires de la monarchie, pour le plus grand plaisir de son public, tant à la cour qu'à la ville. Loin de se limiter à des divertissements anodins, ses grandes comédies remettent en cause des principes d'organisation sociale bien établis, suscitant de retentissantes polémiques et l'hostilité durable des milieux dévots.
L'œuvre de Molière, une trentaine de comédies en vers ou en prose, accompagnées ou non d'entrées de ballet et de musique, constitue un des piliers de l'enseignement littéraire en France et continue de remporter un vif succès au théâtre, non seulement en France et à la Comédie-Française, surnommée « la Maison de Molière », mais aussi à l'étranger. Sa vie mouvementée et sa forte personnalité ont inspiré dramaturges et cinéastes.
Signe de la place emblématique qu’il occupe dans la culture française et francophone, le français est couramment désigné par la périphrase « langue de Molière », au même titre que, par exemple, l’allemand est « langue de Goethe », l’anglais « langue de Shakespeare », l’espagnol « langue de Cervantès » et l’italien « langue de Dante ».
Fils de Jean Poquelin (1595-1669) et de Marie Cressé (1601-1632), Jean-Baptiste Poquelin[n 2] est né dans les premiers jours de 1622, ce qui fait de lui, à quelques années près, le contemporain de Cyrano de Bergerac, de Furetière, de Tallemant des Réaux, de Colbert, de D'Artagnan, de Ninon de Lenclos, de La Fontaine, du Grand Condé et de Pascal. Le 15 janvier, il est tenu sur les fonts baptismaux de l'église Saint-Eustache par son grand-père Jean Poquelin († 1626) et Denise Lecacheux, son arrière-grand-mère maternelle[n 3].
Les Poquelin de Paris, nombreux à l'époque, sont originaires de Beauvais et du Beauvaisis[3],[4]. Les parents du futur Molière habitent, dans le quartier très populeux des Halles, la maison dite du « Pavillon des singes[n 4] », à l'angle oriental de la rue des Vieilles-Étuves (actuelle rue Sauval) et de la rue Saint-Honoré[n 5], où son père, Jean, marchand tapissier, a installé son fonds de commerce deux ans plus tôt, avant d’épouser Marie Cressé[5]. Les fenêtres donnent sur la placette dite carrefour de la Croix-du-Trahoir, qui depuis le haut Moyen Âge est l'un des principaux lieux patibulaires de la capitale[n 6].
Les deux grands-pères de Jean-Baptiste tiennent eux aussi commerce de meubles et de tapisseries, à quelques pas de là, dans la rue de la Lingerie. Poquelin et Cressé sont des bourgeois cossus, comme en témoignent les inventaires après décès[n 7]. Du côté maternel, un de ses oncles, Michel Mazuel, collabore à la musique des ballets de cour et est nommé en 1654 compositeur de la musique des Vingt-quatre Violons du Roi. Il jouera d'ailleurs les comédies ballets de son neveu[6].
En 1631, Jean Poquelin père rachète à son frère cadet, Nicolas[n 8], un office de « tapissier ordinaire de la maison du roi[n 9] », dont cinq ans plus tard il obtiendra la survivance pour son fils aîné. La même année, il perd sa femme, sans doute épuisée par six grossesses survenues entre janvier 1622 et mai 1628[7], et se remarie avec Catherine Fleurette, qui meurt à son tour en 1636, après lui avoir donné trois autres enfants[8].
Sur les études du futur Molière, il n’existe aucun document fiable. Les témoignages sont tardifs et contradictoires. Selon les auteurs de la préface des Œuvres de Monsieur de Molière (1682)[n 10], le jeune Poquelin aurait fait ses humanités et sa philosophie au prestigieux collège jésuite de Clermont (l'actuel lycée Louis-le-Grand), où il aurait eu « l'avantage de suivre feu M. le prince de Conti dans toutes ses classes[n 11] ». Dans sa Vie de M. de Molière publiée en 1705, Grimarest lui donne pour condisciples deux personnages qui seront plus tard ses amis avérés, le philosophe, médecin et voyageur François Bernier et le poète libertin Chapelle[n 12]. Ce dernier avait pour précepteur occasionnel Pierre Gassendi, redécouvreur d'Épicure et du matérialisme antique, lequel, écrit Grimarest, « ayant remarqué dans Molière toute la docilité et toute la pénétration nécessaires pour prendre les connaissances de la philosophie », l'aurait admis à ses leçons avec Chapelle, Bernier et Cyrano de Bergerac[n 13]. Toutefois, la présence même de Jean-Baptiste Poquelin au collège de Clermont est sujette à caution. Ainsi François Rey fait-il remarquer que « ni l'un ni l'autre des deux jésuites, René Rapin et Dominique Bouhours, qui ont fait l'éloge de Molière après sa mort, n'a suggéré qu'il aurait eu la même formation qu'eux. Le premier, en particulier, qui était son exact contemporain et se disait son ami[9], avait été pendant plusieurs années professeur au collège de Clermont[10] ». Certains, notant que « son théâtre est le fruit d'une lente maturation, non de l'application respectueuse de règles apprises au collège par l'étude des modèles classiques », en viennent à douter même que Molière ait fait des études régulières, sans toutefois exclure la possibilité qu'il ait été l'élève de Gassendi entre 1641 et 1643[11].
À sa sortie du collège, s'il faut en croire un contemporain[n 14], le jeune homme serait devenu avocat. Les avis sur ce point sont partagés, mais, quoi qu'il en soit, Molière ne s’est jamais paré du titre d'avocat et son nom ne figure ni dans les registres de l'université d'Orléans ni dans ceux du barreau de Paris[12].
Au tournant de l'année 1643, Jean-Baptiste Poquelin, d'ores et déjà émancipé d'âge[n 15] et qui a renoncé à la survivance de la charge de son père, reçoit de celui-ci un important acompte sur l’héritage maternel. Il a quitté la maison de la rue Saint-Honoré et demeure à présent rue de Thorigny, dans le quartier du Marais, non loin des Béjart[13].
Le 30 juin, par-devant notaire, il s’associe avec neuf camarades, dont les trois aînés de la fratrie Béjart (Joseph, Madeleine et Geneviève), pour constituer une troupe de comédiens sous le nom de l'Illustre Théâtre[14]. Ce sera la troisième troupe permanente à Paris, avec celle des « grands comédiens » de l’hôtel de Bourgogne et celle des « petits comédiens » du Marais[15].
Tout, à commencer par les termes mêmes du contrat d'association, suggère que le jeune Poquelin s'est engagé dans le théâtre pour y tenir les rôles de héros tragiques aux côtés de Madeleine Béjart, de quatre ans son aînée[16].
À la mi-septembre, les nouveaux comédiens louent le jeu de paume dit des Métayers[18] sur la rive gauche de la Seine, au faubourg Saint-Germain. En attendant la fin des travaux d'aménagement de la salle, ils se rendent à Rouen, afin de s'y produire pendant la foire Saint-Romain, qui se tient du 23 octobre au 12 novembre. Rouen est la ville où réside alors Pierre Corneille, mais aucun document ne permet d'affirmer, comme le font les épigones de Pierre Louÿs, que Molière a mis à profit ce séjour pour nouer des relations avec l'auteur du Cid et du Menteur.
La salle des Métayers ouvre ses portes le 1er janvier 1644. Pendant les huit premiers mois de représentations, le succès de la nouvelle troupe est d'autant plus grand que, le jeu de paume du Marais ayant brûlé le 15 janvier, ses locataires ont dû partir jouer en province pendant sa reconstruction[19].
En octobre 1644, le théâtre du Marais, refait à neuf et doté d'une salle équipée à présent de « machines », accueille de nouveau le public, et il semble que la salle des Métayers commence alors à se vider. Cela pourrait expliquer la décision, prise en décembre, de déménager sur la rive droite au jeu de paume de la Croix-Noire[20] (actuel 32, quai des Célestins), plus près des autres théâtres. Molière est seul à signer le désistement du bail, ce qui pourrait indiquer qu'il est devenu le chef de la troupe[21]. Cependant, ce déménagement vient accroître les dettes de la troupe — les investissements initiaux de location et d'aménagement du local, puis d'aménagement d'un nouveau local, ont été coûteux et les engagements financiers pèsent lourd par rapport aux recettes — et, dès le 1er avril 1645, les créanciers entament des poursuites[13].
Au début du mois d'août, Molière est emprisonné pour dettes au Châtelet[22], mais peut se tirer d’affaire grâce à l'aide de son père. À l’automne, il quitte Paris[n 16].
C'est au cours du premier semestre de 1644 que Jean-Baptiste Poquelin prend pour la première fois ce qui deviendra son nom de scène puis d'auteur. Le 28 juin, il signe « De Moliere » (sans accent)[n 17] un document notarié dans lequel il est désigné sous le nom de « Jean-Baptiste Pocquelin, dict Molliere[23] ». Selon Grimarest, « ce fut alors [qu'il] prit le nom qu'il a toujours porté depuis. Mais lorsqu'on lui a demandé ce qui l'avait engagé à prendre celui-là plutôt qu'un autre, jamais il n'en a voulu dire la raison, même à ses meilleurs amis[24] ».
Certains auteurs voient dans ce choix un hommage au musicien et danseur Louis de Mollier (1615 ?-1688), auteur en 1640 d'un recueil de Chansons pour danser. Selon Paul Lacroix, par exemple, on peut avancer « avec une certaine apparence de probabilité que Poquelin se regardait comme le fils adoptif du sieur de Molère[25] » ; Elizabeth Maxfield-Miller considère, quant à elle, comme « très plausible » l'hypothèse que « le jeune Poquelin aurait rencontré Louis de Mollier, [lequel] lui aurait permis d'employer une variante de son nom comme nom de théâtre[26] ».
D'autres font remarquer que le patronyme Molière avait été illustré, plus tôt dans le siècle, par l'écrivain François de Molière d'Essertines, proche des milieux libertins et auteur d'un roman-fleuve dans le goût de L'Astrée intitulé La Polyxene de Moliere[n 18], dont une quatrième réédition vient de paraître en cette année 1644 où Jean-Baptiste Poquelin adopte son nom de scène[n 19].
D'autre part, il était courant, au XVIIe siècle, que des acteurs choisissent des noms de scène se référant à des fiefs imaginaires, tous champêtres : le sieur de Bellerose, le sieur de Montdory, le sieur de Floridor, le sieur de Montfleury[27]. Or, des dizaines de lieux-dits ou de villages français se nomment Meulière ou Molière, et désignent des sites où se trouvaient des carrières de pierres à meule ; en Picardie, les « mollières » sont des terres marécageuses et incultes[28]. Il n'est donc pas impensable que Molière ait choisi à son tour un fief campagnard imaginaire, ce qui expliquerait qu'il ait commencé par signer « De Molière » et ait été régulièrement désigné comme « le sieur de Molière[n 20] ».
"L'hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus" : voilà comment Dom Juan se justifie auprès de son valet Sganarelle, scandalisé de voir son maître tromper tout le monde autour de lui, des femmes les plus naïves qu'il séduit sans vergogne aux hommes les plus nobles qu'il mène par le bout du nez sans se démonter. De fait, Dom Juan n'a qu'une ambition : jouir de tous les plaisirs, sans jamais céder aux sirènes de la morale. Il lui faut toutes les voluptés et il les obtient facilement en [...] manipulant ses victimes avec des mots trompeurs. Seule la mort pourrait l'arrêter : n'est-ce pas elle justement qui vient le chercher, lorsque la statue du commandeur s'anime sous ses yeux ? Débauché fameux ou épicurien averti, Dom Juan a suscité tous les débats, toutes les polémiques, toutes les analyses et, encore une fois, c'est Molière que l'on applaudit, lui qui n'a pas son pareil pour désigner et railler, mi-amer, mi-goguenard, les travers de la société. --Karla Manuele