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Cote | Localisation | Statut |
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T LAN | Récits de vie Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0875324577 |
Auteur | Claude Lanzmann |
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Titre | Le Lièvre de Patagonie : mémoires / Claude Lanzmann. |
Editeur | Paris : Gallimard, 2009. |
Collection | Blanche |
Description | 557 p. ; 23 cm |
Langue | Français. |
Centre d'intérêts | Documentaire adulte |
Support | Livre |
" Quand venait l'heure de nous coucher et de nous mettre en pyjama, notre père restait près de nous et nous apprenait à disposer nos vêtements dans l'ordre très exact du rhabillage. Il nous avertissait, nous savions que la cloche de la porte extérieure nous réveillerait en plein sommeil et que nous aurions à fuir, comme si la Gestapo surgissait. "Votre temps sera chronométré", disait-il, nous ne prîmes pas très longtemps la chose pour un jeu. C'était une cloche au timbre puissant et clair, actionnée par une chaîne. Et soudain, [...] cet inoubliable carillon impérieux de l'aube, les allers-retours du battant de la cloche sur ses parois marquant sans équivoque qu'on ne sonnait pas dans l'attente polie d'une ouverture, niais pour annoncer une brutale effraction. Sursaut du réveil, l'un de nous secouait notre petite sieur lourdement endormie, nous nous vêtions dans le noir, à grande vitesse, avec des gestes de plus en plus mécanisés au fil des progrès de l'entraînement, dévalions les deux étages, sans un bruit et dans l'obscurité totale, ouvrions comme par magie la porte de la cour et foncions vers la lisière du jardin, écartions les branchages, les remettions en place après nous être glissés l'un derrière l'autre dans la protectrice anfractuosité, et attendions souffle perdu, hors d'haleine. Nous l'attendions, nous le guettions, il était lent ou rapide, cela dépendait, il faisait semblant de nous chercher et nous trouvait sans jamais faillir. A travers les branchages, nous apercevions ses bottes de SS et nous entendions sa voix angoissée de père juif : "Vous avez bougé, vous avez fait du bruit. - Non, Papa, c'est une branche qui a craqué. - Vous avez parlé, je vous ai entendus, ils vous auraient découverts." Cela continuait jusqu'à ce qu'il nous dise de sortir. Il ne jouait pas. Il jouait les SS et leurs chiens.
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Médias
Claude Lanzmann, né le à Bois-Colombes, est un journaliste, écrivain et cinéaste producteur de cinéma français. À partir de 1943, à l'âge de 18 ans, il s'engage dans la Résistance à Clermont-Ferrand puis dans les maquis d'Auvergne.
Compagnon de Simone de Beauvoir entre 1952 et 1959, il lui succède en 1986 comme directeur de la revue Les Temps modernes, à laquelle il collaborait depuis les années cinquante. En 1963, il épouse la comédienne Judith Magre. Puis, il a épousé, en 1971, la romancière allemande Angelika Schrobsdorff, puis en 1995 il épouse Dominique Petithory. Il a des enfants dont : Angélique Lanzmann, née en 1950, et Félix Lanzmann, né en 1993, jeune normalien, brutalement décédé à 23 ans, après un dur combat de deux années contre une "terrible maladie", annoncé le mardi 17 janvier 2017[1].
Il est le réalisateur de Shoah, film documentaire de neuf heures et demie consacré à l’extermination des juifs d'Europe dans les camps nazis, qui fut diffusé pour la première fois en 1985.
Claude Lanzmann, "cas si classique" de juif laïc / athée, est en fort lien à sa culture d'origine et selon ses propres termes « viscéralement attaché à Israël »[2].
Claude Lanzmann est né dans une famille dont les différentes branches sont originaires des communautés juives de l'Est de l'Europe, immigrées en France à la fin du XIXe siècle[3].
La famille de son grand-père paternel, Itzhak Lanzmann, vient d'un shtetl près de Minsk en Biélorussie. Prenant le prénom de Léon, il épousa à Paris Anna, venant de Riga et devint marchand en mobilier ancien rue Drouot. De leur union naît en 1900, Armand, père de Claude Lanzmann[4]. Itzhak naturalisé en 1913 sera versé dans l'infanterie de 1re ligne entre 1914 et 1918.
Sa mère, Pauline, dite Paulette, Grobermann (1903-1995) est née sur un navire entre Odessa et Marseille : ses parents, Yankel et Perl Grobermann, sont originaires de Kichinev, en Bessarabie. Établis en région parisienne, ils créent une affaire de brocante, puis deviennent antiquaires pendant la Première Guerre mondiale, fournissant les jeunes studios américains en décors[5].
En 1934, à la suite du divorce de ses parents, Claude, son frère cadet Jacques (écrivain, scénariste et parolier) et sa sœur Évelyne (Évelyne Rey, actrice de théâtre), emmenés par leur père, vont vivre à Brioude, dans la Haute-Loire[6]. Ils y restent jusqu'en septembre 1938 ; lorsque la famille retourne à Paris, Claude poursuit ses études au lycée Condorcet, où il découvre l’antisémitisme[7].[réf. nécessaire]
En , son père, ancien combattant engagé volontaire en 1917, gazé à Ypres fut « affecté spécial » de la défense nationale à Brioude. Là, il entraîne ses enfants à disparaître sans laisser de traces, en simulant des rafles de la Gestapo ou de la Milice. Il enseigne à ses enfants la méfiance et le « pessimisme actif »[8].
À la rentrée 1943, il rejoint la classe de première supérieure du Lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand comme interne. À 18 ans, il devient membre des Jeunesses communistes et l’un des organisateurs de la Résistance de Clermont-Ferrand. Il participe à la lutte clandestine, puis aux combats des maquis d’Auvergne à la Margeride, au mont Mouchet, aux embuscades dans le Cantal et dans la Haute-Loire, pour retarder la remontée des troupes allemandes vers la Normandie, lors de l'été 44[9].
Après la Libération, sa famille revient vivre à Paris. Lanzmann, qui a retrouvé sa mère et son compagnon Monny de Boully, est admis en en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand. Il y rencontre Jean Cau, avec qui il noue une grande amitié[10]. Ayant échoué au concours d'entrée à l'École normale supérieure, il s'inscrit en licence de philosophie à la Sorbonne. Il choisit les « possibles et les incompossibles » chez Leibniz comme sujet de son diplôme d'études supérieures[11].
En 1947, sur les conseils de son ami Michel Tournier, Claude Lanzmann part étudier la philosophie à l'Université de Tübingen en Allemagne : il veut voir « les Allemands en civil ». Puis, en 1948, il obtient un poste de lecteur à la Freie Universität Berlin en secteur américain[12].
Claude Lanzmann se découvre des talents et un goût de pédagogue, comme il le dit, « mêlant en une torsade unique Le Rouge et le Noir et L'Être et le Néant ». La parution des Réflexions sur la question juive de Sartre en 1947 fut pour lui un événement fondateur et devient le fondement d'un séminaire sur l'antisémitisme qu'il organisa à la demande des étudiants. Il se convainc que les thèses de Sartre doivent être dépassées, ce qui sera l'une des raisons de son premier voyage en Israël en 1952. Voulant dénoncer la faiblesse de la dénazification au sein de l'université, il publie en 1949 deux articles dans le Berliner Zeitung, journal de la RDA, ce qui lui vaut de quitter ses fonctions officielles[13].
À son retour en France, il devient pigiste pour France Dimanche, dans le groupe de presse de Pierre Lazareff pendant vingt ans, pour Elle, créé et dirigé par Hélène Lazareff, France-Soir en 1951, pour un reportage sur la vie en Allemagne de l'Est, et n'étant pas retenu, il publie finalement la série d'articles (L'Allemagne derrière le Rideau de fer) dans le journal Le Monde. Cette série est remarquée par Sartre qui lui demande de collaborer à sa revue.
C’est donc en 1952 que Claude Lanzmann rencontre Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre. Diplômé de philosophie, journaliste, il devient leur ami et entre au comité de rédaction de la revue Les Temps modernes qu'ils ont fondée en 1945.
À partir de , il vit une histoire d’amour avec Simone de Beauvoir, dont il restera le compagnon jusqu'à leur rupture en 1959. Il demeurera toujours très proche d’elle jusqu’à sa mort en 1986[14].
En 1963, il épouse l'actrice Judith Magre. Ils divorceront en 1971.
En Lanzmann se rend en Corée du Nord pour son travail de journalisme.
Son engagement anticolonialiste le confronte à la peine capitale. Il fait partie des dix inculpés, parmi les signataires du manifeste des 121, qui dénoncent la répression en Algérie en 1960. En 1967, il prend une grande part à l'élaboration du fameux numéro des Temps modernes intitulé Le conflit israëlo-arabe.
Jusqu’en 1970, Claude Lanzmann partage ses activités entre Les Temps Modernes, et le journalisme. Il écrit de nombreux articles et reportages. En 1986, après la mort de Simone de Beauvoir, il deviendra responsable de la revue Les Temps Modernes.
En 1987, l'ancien membre des Jeunesses communistes présente encore dans Les Temps Modernes l'attribution du massacre de Katyń aux Soviétiques comme de la « propagande nazie[15] ».
À partir de 1970, Claude Lanzmann se consacre au cinéma. Son premier film, Pourquoi Israël sort en 1973 et détaille déjà la méthode Lanzmann : film mosaïque avec des entretiens originaux, où l'interviewer, Lanzmann lui-même, est autant acteur que metteur en scène.
Dès qu'il eut fini ce film, Claude Lanzmann s'est plongé dans ce qui allait devenir Shoah : il y consacre 12 ans de travail (recherche documentaire, recherche des survivants, des bourreaux, des témoins, une dizaine de campagnes de tournage et plus de 4 ans de montage), avant que le film ne sorte en 1985. D'une durée de plus de 9 heures, ce film est considéré comme un monument du cinéma : sans image d'archives, il parvient à dire l'indicible sur le génocide.
Neuf ans plus tard, en 1994, sort le film Tsahal dont le questionnement est : l’armée israélienne est-elle une armée comme les autres ? Ce documentaire de 5 heures a fait l'objet de vives polémiques. Il est jugé tendancieux et apologétique par ses détracteurs, qui lui reprochent notamment son manque de distance vis-à-vis du discours tenu par l'armée israélienne sur elle-même, ainsi que son silence au sujet de la guerre du Liban – un conflit qui a pourtant suscité de vifs débats en Israël même[16]. Pour la sortie en DVD du film en 2008, l'anniversaire des 60 ans de l'État d'Israël, Lanzmann tourne Lights and Shadows, un entretien d'une quarantaine de minutes avec Ehud Barak.
Pour réaliser son film Shoah, Lanzmann a tourné 350 heures de prises de vues, entre 1974 et 1981[17]. La quasi-totalité des rushs exploitables (approximativement 220 heures) sont disponibles à l'USHMM. Plus tard, à partir de ces rushs non utilisés dans Shoah et d'images tournées spécifiquement pour les films, Claude Lanzmann a réalisé quatre films autour de quatre personnages : Maurice Rossel (dans Un vivant qui passe en 1997), Yehuda Lerner (dans Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures en 2001), Jan Karski (dans Le Rapport Karski en 2010) et Benjamin Murmelstein (dans Le Dernier des injustes en 2013).
En 2016, lors de la diffusion du documentaire d'Adam Benzine Claude Lanzmann, porte-parole de la Shoah (titre original : Claude Lanzmann : Spectres of the Shoah), Lanzmann, qui s'insurge contre l'utilisation par d'autres d'images qu'il n'a pas utilisées dans ses films, dit : "Je vais bientôt en sortir quatre autres"[18]. Le prochain devrait être un film sur la Corée du Nord, relatif aux événements relatés dans Le lièvre de Patagonie[19].
Intellectuel très engagé, Claude Lanzmann se retrouvera au cœur de nombreuses controverses, d'abord comme responsable de la revue Les Temps modernes, ensuite comme défenseur d'Israël ou de la mémoire de Sartre et des mouvements qu'il avait initiés.
Claude Lanzmann est pris à partie par Jean-François Revel dans La connaissance inutile[20] pour ses positions pro-soviétiques, dans la ligne de la fameuse apostrophe de J.P. Sartre :« il ne faut pas désespérer Billancourt », qui le conduisent à imputer le massacre de Katyn aux Nazis dans un numéro des Temps Modernes de février 1987[21] : « L'ignorance volontaire du passé entraîne la falsification du présent ». « Lanzmann parle avec un scepticisme opiniâtre de crimes « imputés » à Staline par la « propagande nazie» . Se rend-il même compte qu'il se laisse ainsi envahir par une obsession de nier ce qui lui déplaît identique à celle qui pousse un Robert Faurisson et les « révisionnistes » à mettre en doute les preuves de l'existence des camps de la mort ? Ses faux camps de la mort à lui, mais soviétiques ceux-là sont ceux où avant juin 1941 furent de surcroît déportés 2 millions de Polonais dont la moitié au moins périrent de mauvais traitements ».
En fait Claude Lanzmann exprimait un doute sur la culpabilité soviétique en se basant sur le journal de Goebbels. Celui-ci, en mai 1943, un mois après s'être félicité du trouble provoqué chez les alliés par la dénonciation allemande du massacre soviétique, découvrait, embarrassé, la présence de munitions et de revolvers germaniques sur et autour des cadavres polonais. Tout en se demandant si ces pièces militaires ne faisaient pas suite à « des arrangements amiables » avec l'URSS après le pacte germano-soviétique. Mais faute d'être sûr que ces arrangements avec l'URSS aient été conclus entre septembre 1939 et avril 1940, mois du massacre, le ministre de la propagande nazie exigeait « le plus grand secret » sur cette découverte. Ce point n'a jamais été éclairci. Ce d'autant moins que des sources idéologiquement proches de Jean-François Revel telles que les études de Stéphane Courtois puis de l'institut Thomas More communiquent des chiffres de déportations de Polonais par les Soviétiques entre septembre 1939 et juin 1941 sensiblement inférieurs.
D'après Stéphane Courtois écrivant en 2009 :
« Entre septembre 1939 et juin 1941, les Soviétiques assassinèrent ou déportèrent plus de 440 000 Polonais. »[22].
D'après l'Institut More en 2010 : « Le chiffre total des déportés est d’environ 340.000 et le nombre des victimes de la répression anti-polonaise s’élèverait à au moins 500 000 personnes dont au moins 30.000 fusillés et 100.000 morts dans les camps. »[23]
Lors des événements ayant conduit à la mort d'un jeune Palestinien, Mohammed Al Durah, Claude Lanzmann écrit un article dans le journal Le Monde, dans lequel il réagit en ces termes : « Ce qui me révolte personnellement dans cette histoire, c'est que cette mort a été filmée en direct par le cameraman arabe d'une chaîne française de télévision »[24].
Dans le quotidien Libération, le , Claude Lanzmann « accuse Raymond Barre d’être antisémite », à la suite d'une entrevue que celui-ci a accordée à France Culture le , interview diffusée le [25]. Raymond Barre répond à ces critiques le même jour, sur RTL : « Il y a une clique qui depuis 1979 me poursuit pour me faire apparaître antisémite[26]. »
En , Claude Lanzmann s'élève vivement contre le roman de Yannick Haenel, Jan Karski.
En 2011, il publie un numéro spécial des Temps Modernes sur les anciens Harkis[27], où il revient sur des propos tenus en 1961, les appelant les chiens de l’humaniste Papon[28],[29],[30].
En 2012, il engage la polémique avec Michel Onfray en faisant publier un véritable réquisitoire de 60 pages dans la revue Les Temps Modernes qu'il dirige. « L'objet du délit n'est ici pas son texte sur Jean Soler, mais sur L'Ordre libertaire, ouvrage paru en janvier tout à la gloire d'Albert Camus... et très critique envers Jean-Paul Sartre, fondateur des Temps Modernes »[31].
Le , lendemain de la mort d'Elie Wiesel, Claude Lanzmann déclare à France Inter, en se référant erronément[32] au livre Être sans destin d'Imre Kertész, qu'Elie Wiesel (contrairement à ce qu'il dit dans La Nuit) n'a été que quatre jours à Auschwitz – en réalité, à la page 166 d'Être sans destin (Arles, Actes Sud, 1998), Imre Kertész parle de lui-même lorsqu'il écrit: « Quel ne fut pas mon étonnement quand, par la suite, j'ai fait le compte, mais le fait était là: je n'ai passé en tout et pour tout que trois jours entiers à Auschwitz. Au soir du quatrième jour, j'étais de nouveau dans un train, dans l'un de ces wagons à bestiaux que je connaissais déjà. La destination – comme nous l'apprîmes – était “Buchenwald” ». En outre, Claude Lanzmann fait grief à Wiesel de ne pas l'avoir encouragé quand il lui annonça son projet de réaliser son film Shoah et de ne pas avoir accordé d'éloges à ce film après l'accueil « triomphal » (dixit Lanzmann) qu'il avait reçu[33]. Ces propos valent à Lanzmann, de la part du magazine Alliance, le reproche de s'être « livré à un exercice d’ignominie, d’exécution et de petitesse consternante[34] ».
Claude Lanzmann a reçu un Ours d’or d’honneur pour l’ensemble de son œuvre lors du festival du film de Berlin le 14 février 2013[38].
Gérard Boutet est né d'une famille dont l'histoire se confond avec celle d'un terroir. Ses aieux vécurent tous dans le mème village du coeur de la France, dans la maison ancestrale qu'il habite toujours. Prés de 200 métiers d'autrefois sont évoqués par Gérard Boutet dans la série "Les Gagne-Misère".