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Cote | Localisation | Statut |
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1.3 DAV Nouveauté | Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 16405082246 |
Nouveauté | |
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Auteur | Miles Davis (1926-1991) [musicien] |
Titre | Tutu : Deluxe edition / Miles Davis, trp.. |
Editeur | distrib. Warner Music France, P 1986. |
Description | 2 disques vinyles (44 min ; 40 min) ; 30 cm |
Indice | 1.3 |
Centre d'intérêts | Jazz |
Autres auteurs | Marcus Miller (1959-....) [musicien] Steve Reid (1944-2010) [musicien] |
Document lié |
Tutu 1.3 DAV |
2LP set, on 180-gram audiophile vinyl. Original 1986 album, reissued with 5 BONUS live tracks recorded at the Nice Jazz Festival in July 1986.
Médias
Miles Dewey Davis III, né le à Alton, dans l'Illinois et mort le à Santa Monica, en Californie, est un compositeur et trompettiste de jazz américain.
Miles Davis commence à jouer de la trompette à l'âge de treize[réf. nécessaire] ans. Il fut à la pointe de beaucoup d'évolutions dans le jazz et s'est particulièrement distingué par sa capacité à découvrir et à s'entourer de nouveaux talents. Son jeu se caractérise par une grande sensibilité musicale et par la fragilité qu'il arrive à donner au son. Il marque l'histoire du jazz et de la musique du XXe siècle. Beaucoup de grands noms du jazz des années 1940 à 1980 travaillent avec lui.
Les différentes formations de Miles Davis sont comme des laboratoires au sein desquels se sont révélés les talents de nouvelles générations et les nouveaux horizons de la musique moderne ; notamment Sonny Rollins, Julian « Cannonball » Adderley, Bill Evans et John Coltrane durant les années 1950. De 1960 aux années 1980 ses sidemen se nomment Herbie Hancock, Wayne Shorter, George Coleman, Chick Corea, John McLaughlin, Keith Jarrett, Tony Williams, Joe Zawinul, Dave Liebman et Kenny Garrett ; c'est avec eux qu'il s'oriente vers le jazz fusion, dont il reste l'un des pionniers. La découverte de la musique de Jimi Hendrix est déterminante dans cette évolution, mais surtout le choc du festival de Newport, en 1969, où l'on assiste à l'origine exclusivement à des concerts de jazz, mais qui, cette année-là, programme du rock. Nombre de musiciens qui passent par ses formations de 1963 à 1969 forment ensuite les groupes emblématiques du jazz fusion, notamment Weather Report, animé par Wayne Shorter et Joe Zawinul, Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin, Return to Forever de Chick Corea, ainsi que les différents groupes de Herbie Hancock.
Miles Davis est un des rares jazzmen et l'un des premiers musiciens noirs à être connu et accepté par l'Amérique moyenne, remportant même le trophée de l'homme le mieux habillé de l'année du mensuel GQ pendant les années 1960. Comme Louis Armstrong, Miles Davis est ce phénomène curieux : une superstar du jazz. À la différence de son glorieux aîné qui avait recherché l'intégration à la culture grand public dominée par la population blanche, le parcours musical de Miles Davis s'accompagne d'une prise de position politique en faveur de la cause noire et de sa lutte contre le racisme. En 1985, il participe à l'album Sun City contre l'apartheid à l'initiative de Steven Van Zandt.
En France, c'est l'enregistrement de la musique du film Ascenseur pour l'échafaud (1957) de Louis Malle qui le rend célèbre. Son dernier album, Doo-bop, publié en 1992 après sa mort, laisse éclater des influences rap.
Le [1], Cleorita Henry donne naissance à Miles Deway Davis III, à Alton (Illinois), sur les bords du Mississippi. L'enfant grandit dans un milieu familial relativement riche (son père Miles Dewey Davis II est chirurgien-dentiste) et mélomane : sa mère joue du piano et du violon, et sa grand-mère maternelle était professeur d'orgue dans l'Arkansas[2],[3] ; sa sœur aînée, Dorothy, et son frère cadet, Vernon, étudient également la musique[4].
L'année suivante, la famille déménage et s'installe à East Saint Louis, Illinois, où son père a ouvert un cabinet dentaire. Lorsque le jeune Miles fréquente l’école primaire, sa famille habite un quartier à prédominance blanche, où il fait pour la première fois la douloureuse expérience du racisme[5]. Le garçon se passionne pour le sport — baseball, football américain, basket-ball, natation et surtout boxe — mais aussi pour la musique : il suit avec passion l'émission radiophonique de jazz Harlem Rhythms[2]. À l'âge de neuf ou dix ans, un ami de son père, le docteur John Eubanks, lui offre une trompette, dont il commence rapidement à jouer[2].
En 1939, collégien à la Crispus Attucks Junior High, il prend des cours de trompette avec Elwood Buchanan, un autre ami de son père, professeur à la Lincoln High où Miles étudie bientôt. C’est ce maître qui fait découvrir les particularités de la trompette jazz au jeune Miles, et qui l’aide à développer les fondements de son style, en l’encourageant, d’une part, à jouer sans vibrato, et en l’initiant, d’autre part, au jeu de trompettistes comme Bobby Hackett et Harold Baker, caractérisé par la sobriété, la douceur et le lyrisme[6]. Il suit également des leçons avec Joseph Gustat, la première trompette et le chef de pupitre de l'orchestre symphonique de Saint-Louis[2], et il joue dans l'orchestre de son école, dont il est le plus jeune élément.
Après sa rencontre avec le trompettiste Clark Terry, figure du jazz local, qui exerce sur lui une profonde influence, Miles devient professionnel vers 1942, en s'inscrivant à la Fédération américaine des musiciens[7]. Fréquentant assidûment les clubs de la ville, malgré son jeune âge qui lui en interdit en principe l'accès, il commence à jouer en public dès que possible, acquérant une petite réputation régionale, tout en continuant à fréquenter la high school.
En 1942, à l'âge de 16 ans, il fait la connaissance d'Irene Birth, sa première véritable petite amie, dont il aura trois enfants. Irene le défie d'appeler Eddie Randle pour se faire engager dans son orchestre de rhythm and blues, les Blue Devils. À la suite d'une audition, il est engagé comme trompettiste, mais se voit également confier de nombreuses corvées, comme l'organisation des répétitions, acquérant ainsi une solide connaissance du métier[2]. Comme Miles le confirmera plus tard dans des entrevues, c’est également au cours de cette période qu’il développe un goût prononcé pour la théorie musicale[8], goût qui allait concourir à rendre possible les nombreuses évolutions stylistiques qui caractérisent sa carrière. En plus de morceaux essentiellement blues[9], les Blue Devils jouent, entre East Saint Louis et Saint-Louis (Missouri), du Duke Ellington, Lionel Hampton ou Benny Goodman, donnant à Miles l'occasion de hanter les jam-sessions aux côtés de son nouvel ami Clark Terry, « faisant le bœuf » avec des musiciens célèbres comme Roy Eldridge, Kenny Dorham, Benny Carter et surtout Lester Young[2], idole des saxophonistes et l'un des modèles de Miles.
En 1944, alors que, jeune diplômé de Lincoln High et très demandé par les orchestres de la région, Miles hésite sur la carrière à suivre, naît sa première fille, Cheryl. À la même époque, ses parents divorcent et ses relations avec sa mère, depuis longtemps conflictuelles, se dégradent encore[10].
En , à 18 ans, après être revenu déçu de son bref engagement au sein d'un groupe de La Nouvelle-Orléans, les Six Brown Cats d'Adam Lambert, pour lesquels il a quitté les Blue Devils (les autres orchestres de la région ne pouvant pas s'offrir les quatre-vingts dollars par semaine qu'il exigeait[2]), Miles Davis hésite entre rejoindre la Faculté de chirurgie dentaire, ou suivre Clark Terry dans l'orchestre de l'U.S. Navy[2]. C'est à cette époque que le big band de Billy Eckstine vient jouer dans un club de St Louis. Ce groupe pas comme les autres cherche à adapter au format big band la révolution bebop qui secoue le milieu du Jazz depuis le début des années 1940. Il réunit les deux créateurs et plus célèbres musiciens du genre, le trompettiste Dizzy Gillespie et le saxophoniste Charlie Parker. Au début du concert, coup de chance : Gillespie vient trouver Davis dans la salle pour lui demander de les rejoindre sur scène pour remplacer un trompettiste défaillant[11]. Émerveillé par cette rencontre musicale, Miles prend une décision essentielle : il rejoindra le groupe à New York.
Grâce à l'aide financière de son père (qui l’a toujours énormément encouragé et soutenu, à la fois moralement et matériellement), il s'inscrit à la rentrée 1944 à la célèbre école de musique Juilliard de New York, dont l'enseignement l'ennuie assez rapidement. Mais son véritable but est ailleurs : il commence à fréquenter assidûment le Minton's dans la 118e rue, berceau légendaire du Bebop, à la recherche de Parker et Gillespie. C'est à cette époque qu'il rencontre les trompettistes Freddie Webster et Fats Navarro, qui deviennent ses amis et complices musicaux. Ayant finalement mis la main sur Gillespie et Parker (qui, fauché comme toujours, s'installera quelque temps chez Miles[11]), il s'initie aux subtilités du Bebop, style musical particulièrement complexe et ardu. De plus, Parker, alias Bird, le présente aux autres légendes du style, dont le pianiste Thelonious Monk.
Parallèlement à ses études à la Juilliard School, où il apprend le piano et s'initie aux compositeurs contemporains comme Prokofiev, Miles devient un habitué des jam-sessions de la nuit new-yorkaise. Il accompagne notamment la grande chanteuse Billie Holiday au sein de l'orchestre du saxophoniste Coleman Hawkins[11]. À propos de cette époque, il confiera plus tard : « Je pouvais en apprendre plus en une nuit au Minton's qu'en deux ans d'études à la Juilliard School. »[2]
Les choses commencent à bouger pour le jeune trompettiste : il obtient son premier engagement officiel début 1945, aux côtés du saxophoniste ténor Eddie « Lockjaw » Davis. Le 24 avril, il réalise son premier enregistrement en studio, gravant quatre premiers morceaux avec un quintet accompagnant le chanteur Rubberlegs (« jambes de caoutchouc ») Williams sous la direction du saxophoniste Herbie Fields. Ces morceaux de blues fantaisistes, centrés sur le chant, ne lui donnent guère l'occasion de montrer son talent, mais c'est un début[11].
En octobre, il intègre enfin le quintet de Charlie Parker, en tant que remplaçant de Dizzy Gillespie, qui a quitté le groupe. Le 26 novembre, le groupe enregistre, Gillespie étant de retour... au piano. Le , Miles enregistre à nouveau, avec un Parker au sommet de son succès, les classiques Moose The Mooche, Yardbird Suite, Ornithology et A Night in Tunisia. La sonorité douce et le calme de son jeu, s'opposant à la véhémence de Charlie Parker, s'éloignent également beaucoup du style Gillespie, qu'il a d'abord tenté d'imiter avant de renoncer[11]. Cette différence lui attire quelques critiques négatives, mais Davis impose rapidement son style propre. Le magazine Esquire le proclame « Nouvelle Star de la Trompette Jazz ». Le 8 mai, Miles compose et enregistre sa première composition personnelle, Donna Lee, qui attire l'attention du célèbre arrangeur Gil Evans. Il restera trois ans dans le groupe de Parker, apprenant beaucoup et gravant plusieurs morceaux légendaires, mais faisant également connaissance avec les mauvaises habitudes du saxophoniste et de son entourage, au premier rang desquels la drogue, principalement l'héroïne, qui fait des ravages chez les « boppers ». Miles parvient dans un premier temps à ne pas tomber dans la toxicomanie, mais supporte de plus en plus mal le comportement erratique qu'elle induit chez ses collègues[11].
À l'automne 1946, Charlie Parker, à bout de forces, est hospitalisé pour sept mois à Camarillo. Sans groupe, Miles Davis joue notamment avec Charles Mingus, avant de rejoindre à nouveau l'orchestre de Billy Eckstine pour une tournée. Au printemps 1947, le groupe est dissout, et Miles est sans travail ; après des années de résistance il plonge dans la cocaïne et l'héroïne[12]. Pendant quelques semaines, il joue au sein du big band de Dizzy Gillespie, puis rejoint un Charlie Parker remis sur pied. Célébré par les lecteurs de magazines jazz prestigieux dans leurs référendums annuels, participant à des enregistrements légendaires avec les musiciens les plus réputés du Bebop, Davis est pourtant en 1948 un homme frustré, impatient de créer une musique qui lui soit propre.
À l'été 1948, Miles Davis, en collaboration avec l'arrangeur Gil Evans, rencontré plusieurs années auparavant, décide de mettre son projet à exécution en se détachant des principes du bebop pour participer à une nouvelle forme de jazz. Installé à New York, il fonde un nouveau groupe, intermédiaire entre le big band et les petites formations bebop, un nonette, où chaque section devra, dans l'esprit de ses créateurs, imiter l'un des registres de la voix humaine[13] : la section rythmique comprend contrebasse, batterie et piano, tenu par l'ancien batteur de Charlie Parker, Max Roach. Pour les instruments à vent, on trouve en plus de la trompette de Davis et du saxophone de Gerry Mulligan, un trombone, un cor d'harmonie, un saxophone baryton et un tuba. Le , le nonette se produit pour la première fois en public, assurant la première partie du spectacle de Count Basie au Royal Roost de New York, sous le titre Nonet de Miles Davis, arrangement de Gerry Mulligan, Gil Evans et John Lewis. Une dénomination inhabituelle qui trahit la volonté de créer une musique reposant largement sur les arrangements. Jouant une musique dont l'orchestration riche, les arrangements soignés et la relative lenteur rompent radicalement avec l'urgence du bebop, le groupe est notamment remarqué par le directeur artistique des disques Capitol Records, Pete Rugolo, qui se montre très intéressé[13].
Après un contretemps dû à la grève des enregistrements de 1948, pendant laquelle Miles refuse de rejoindre le groupe de Duke Ellington, le nonette entre finalement en studio, début 1949, à New York, pour une série de trois séances qui vont changer la face du jazz. En quinze mois et avec de nombreux musiciens différents, le groupe enregistre une douzaine de morceaux, dont les titres Godchild, Move, Budo, Jeru, Boplicity et Israel. Six d'entre eux sortent en 78 tours, le reste devra attendre les années 1950 et le célèbre album Birth of the Cool, sorti longtemps après les faits, pour voir le jour[13].
Le cool jazz est né, mais ce n'est pas une révolution immédiate : le nonette rapidement dissous, cette nouvelle musique mettra plusieurs années à s'imposer auprès des musiciens et du public. En 1949, Miles Davis effectue son premier voyage à l'étranger pour participer, le 8 mai, au Festival international de jazz à Paris, salle Pleyel. Co-dirigeant un groupe avec le pianiste Tadd Dameron, il rencontre l'élite intellectuelle et artistique parisienne de l'époque : Jean-Paul Sartre, Boris Vian, Pablo Picasso et surtout Juliette Gréco. Pour le trompettiste, c'est une véritable révélation. La France est en effet à l'époque un pays beaucoup moins raciste que les États-Unis, surtout dans le milieu qu'il fréquente à Paris. Il a pour la première fois la sensation, comme il le dira dans son autobiographie « d'être traité comme un être humain »[13]. Amoureux de Juliette Gréco, il hésite à l'épouser, ce qui serait tout simplement impensable dans son pays natal (à l'époque, les unions « mixtes » entre Noirs et Blancs sont encore tout simplement illégales dans de nombreux États américains). Ne voulant pas lui imposer une vie aux États-Unis en tant qu'épouse d'un Noir américain, et elle ne voulant pas abandonner sa carrière en France, il renonce et rentre à New York à la fin mai.