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Elie : vieillissant, désabusé, divorcé, désencombré des illusions sur la vie. Voici comment on pourrait décrire ce psy aux méthodes particulières qui dirigea longtemps un centre d'ethnopsychiatrie au coeur de Paris... Un petit migrant roumain, aux cheveux hirsutes et aux yeux immenses de clarté, va dérouter Élie, autant que ses compagnons du quotidien, le fripier Samuel tenant boutique boulevard Arago, Le-Poète jamais avare d'une récitation, ou Le-Professeur et ses problèmes cardiaques. Oui, un garçon de dix ans, silencieux et [...] intense. Est-ce lui qui déplace les tables à distance, fait exploser les pierres précieuses des colliers ou guérit les maladies les plus réfractaires d'un doigt posé sur la plaie ? Sorcier ou « immigré nouvelle génération » ? Imposteur ou messie de nos temps troublés ? Il faut prendre garde aux étrangers que nous croisons : parmi eux se cachent des êtres d'exception.
Ses parents sont italiens de tradition juive et installés au Caire, son grand-père maternel était pharmacien, tandis que son père dirige une fabrique de parfum[3]. Sa famille doit quitter Le Caire en 1957 à la suite de la révolution égyptienne et de l'expulsion des juifs. Ils vivent en Italie, puis s'installent en France, où Tobie Nathan fait ses études et obtient la naturalisation à l'âge de vingt-et-un ans[3].
Il soutient une thèse de doctorat de psychologie en 1976, sous la direction de Georges Devereux[4], puis une thèse d'État ès lettres et sciences humaines, intitulée Apports de l'ethnopsychiatrie à la théorie et à la pratique de la clinique psychanalytique[5], sous la direction de Didier Anzieu à l'université Paris X-Nanterre (1983). Il devient successivement assistant, puis maître-assistant à l'université de Paris XIII, et depuis 1986, professeur de psychologie clinique et pathologique à l'université de Paris VIII[6]. De 1996 à 2000, il a dirigé l'UFR « Psychologie, pratiques cliniques et sociales » de l'université de Paris VIII, et de 2000 à 2003, l'Institut d'enseignement à distance (IED) de la même université.
Tobie Nathan s'intéresse à la psychanalyse, puis aux psychothérapies et à l'ethnopsychiatrie. Au cours de ses recherches, il étudie les dispositifs de soins mis en place par les guérisseurs, en Afrique, au Moyen-Orient comme celui de Jeanne-Paule Visnelda à La Réunion. Il décrit les liens entre psychopathologie, pratiques cliniques et environnement social. Professionnellement, il exerce également comme expert près la cour d'appel de Paris. Il crée la première consultation d'ethnopsychiatrie en France, en 1979, dans le service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent de l'hôpital Avicenne (Bobigny), alors dirigé par Serge Lebovici,consultation dont les principes ont ensuite été adoptés par d'autres consultations en France et à l'étranger.
Il a fondé en 1993 le Centre Georges-Devereux[7], centre universitaire d'aide psychologique aux familles migrantes, au sein de l'UFR « Psychologie, pratiques cliniques et sociales » de l'université de Paris VIII – centre qu'il a dirigé de 1993 à 1999. Ce centre fut, en France, le premier lieu universitaire de clinique psychologique, accueilli au sein d'une UFR ou d'un département de psychologie. Il regroupait dans un même espace, sur le campus de l'université à Saint-Denis, une clinique spécifique, des recherches universitaires en psychopathologie et en psychothérapie et la formation des étudiants de troisième cycle. Aujourd'hui, le Centre Georges Devereux se trouve à Paris et n'est plus intégré à l'université Paris 8.
Il a fondé, en 1978, la première revue francophone d’ethnopsychiatrie, Ethnopsychiatrica (1978-1981). Puis il fonde, en 1983, la Nouvelle Revue d'ethnopsychiatrie (36 numéros de 1983 à 1998). Depuis 2000, il dirige la revue Ethnopsy / Les mondes contemporains de la guérison.
Il est aussi écrivain et a publié sept romans et des essais — dont Ethno-roman (2012) qui obtient le prix Femina essai[8] — ainsi qu'en collaboration une pièce de théâtre.
Tobie Nathan est l'un des principaux représentants de l'ethnopsychiatrie, discipline fondée par l'anthropologue et psychanalyste Georges Devereux, qui propose une nouvelle vision de la psychothérapie et du patient, considéré dans son univers familial et culturel.
L'œuvre de Tobie Nathan fait débat en France. Son approche a donné lieu à des discussions et à des critiques de plusieurs ordres. Les critiques ont porté sur la technique psychothérapique, les présupposés politiques de son approche et sa critique de la psychanalyse. Sa vision de la psychothérapie n'est pas acceptée par certains psychanalystes à cause de ce qu'ils considèrent comme un retour à la suggestion – ce qu'il conteste – et surtout, selon eux, par sa non-prise en compte du transfert tel que sa dynamique a été mise en évidence par Sigmund Freud. Cependant, le sens du mot « transfert », la fonction qu’on lui attribue dans la cure ont évolué[9] et il est difficile d’en proposer une version acceptable par tous les thérapeutes. Son attachement au respect de la diversité des cultures humaines peut également entrer en conflit avec une tendance européenne, héritée des Lumières, qui privilégie une vision universelle de la condition humaine, via notamment la notion de droits de l’homme. On[Qui ?] lui a ainsi parfois reproché un certain relativisme culturel, dont la dérive serait une sorte d'assignation des personnes à leur culture d'origine. Le débat est toujours vif, en France, dans un moment où l'intégration des immigrés est une question à la fois sociale et politique.
Il a aussi écrit des textes importants qui sont devenus des références en psychologie et en psychopathologie tels L'influence qui guérit (1994) ou La Nouvelle Interprétation des rêves (2011).