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Cote | Localisation | Statut |
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R ENA | Plus de détails sur cet exemplaire Code-barres: 0854084577 |
Auteur | Mathias Enard |
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Titre | Zone / Mathias Enard. |
Editeur | Arles : Actes Sud, 2008. |
Description | 516 p. : couv. ill. en coul. ; 24 cm |
Langue | Français. |
Centre d'intérêts | Roman adulte |
Support | Livre |
Médias
Lucien Rebatet, né le à Moras-en-Valloire (Drôme), où il est mort le , est un écrivain, journaliste et critique musical et cinématographique français.
Ayant débuté à l'Action française, il rejoint ensuite Je suis partout qui se réclame du fascisme. En 1942, sous l'Occupation, il publie Les Décombres, féroce pamphlet antisémite et collaborationniste. Condamné à mort à la Libération, puis gracié, il reste en prison jusqu'en 1952. Il abandonne alors la polémique, se consacrant à sa carrière d'écrivain en publiant son œuvre majeure, Les Deux Étendards, en 1951.
Fils de Pierre Rebatet, notaire, et de Jeanne Tampucci (petite-fille du poète Hippolyte Tampucci), il fréquente le collège mariste Sainte-Marie de Saint-Chamond (Loire). Après avoir abandonné des études de droit à l'université de Lyon, puis de lettres à la Sorbonne, il entre en avril 1929 — malgré un profond mépris pour le camp de la « Réaction » — comme critique musical au journal nationaliste et monarchiste L'Action française, où il écrit sous le pseudonyme de François Vinteuil, puis sous celui de François Vinneuil. Le , il devient journaliste à Je suis partout, où son style et ses convictions vont s'affirmer. Il épouse Véronique Popovici, le , à Galatz, en Roumanie.
Il signe des articles comme « Le Cinéma par ceux qui le font », « Les Étrangers en France. L'invasion », « Les Émigrés politiques en France ». Il accueille avec enthousiasme la parution du pamphlet ouvertement antisémite de Céline, Bagatelles pour un massacre. Rebatet se révèle en effet un antisémite virulent. Outre les juifs, il attaque le communisme, la démocratie, l'Église et, après des enquêtes en Allemagne et en Italie, se proclame fasciste.
Mobilisé en janvier 1940, Lucien Rebatet est libéré le et rejoint Vichy où il travaille à la radio. De retour à Paris, après un passage au journal Le Cri du peuple de Jacques Doriot, il revient à Je suis partout. Il signe « Les Tribus du cinéma et du théâtre » et « Le Bolchévisme contre la civilisation ».
En 1942, il publie Les Décombres, où il désigne les Juifs, les politiques et les militaires comme responsables de la débâcle de 1940 — sans pour autant épargner les autorités de Vichy. Il y explique que la seule issue pour la France est de s'engager à fond dans la collaboration avec l'Allemagne nazie. Ce pamphlet est tiré à quelque 65 000 exemplaires sous l'Occupation, et le livre est désigné comme « livre de l'année » par Radio Paris. Comme tous les collaborationnistes désireux que la France entre en guerre aux côtés de l'Allemagne, il se déchaîne notamment contre Maurras qui répliqua en évoquant « un gros crachat de 664 pages produit d’un cacographe maniaque, nabot impulsif et malsain[1],[2]. » Rebatet avait dédicacé à Marcel Déat un exemplaire de son ouvrage Gott strafe Maurras c'est-à-dire Dieu punisse Maurras[3].
Son dernier article, publié le 28 juillet 1944, s'intitule « Fidélité au national-socialisme ». Rebatet fuit en Allemagne. On le retrouve à l'automne en compagnie de Louis-Ferdinand Céline, exilé comme tant d'autres collaborateurs à Sigmaringen (où d'anciens membres du gouvernement de Vichy créent un gouvernement en exil qui tiendra jusqu'en avril 1945).
À la suite d'un mandat d'arrêt lancé par le juge Zousmann, chargé de l'instruction, Lucien Rebatet est arrêté à Feldkirch le , il est jugé le en même temps que deux collaborateurs de Je suis partout, Claude Jeantet et Pierre-Antoine Cousteau : « la Justice ne souhaite pas seulement juger un homme. Elle a une ambition plus vaste : juger Je suis partout et, à travers lui la presse collaborationniste[4] ». Rebatet et Cousteau sont condamnés à mort, Jeantet aux travaux forcés. Tous trois sont frappés d'indignité nationale. La société « Je suis partout » est dissoute et ses biens sont confisqués.
Le , après l'élection de Vincent Auriol à la présidence de la République, la condamnation à mort de Lucien Rebatet et de Pierre-Antoine Cousteau est commuée en peine de travaux forcés à perpétuité, après cent quarante et un jours de chaînes. Sur le mur de sa cellule, Rebatet grave cette citation tirée du roman de Stendhal, Le Rouge et le Noir : « Je ne vois que la condamnation à mort qui distingue un homme. C'est la seule chose qui ne s'achète pas. » Il sera finalement gracié. Dans Dialogue de vaincus cosigné avec Pierre-Antoine Cousteau en 1950 à la prison de Clairvaux, il relate, dans un dialogue avec son codétenu qui prend la forme de confessions, le sens de leurs engagements, leurs désillusions et leurs visions de l'avenir[5].
Détenu à Clairvaux, il achève en prison un roman commencé à Sigmaringen : Les Deux Étendards, qui est publié par Gallimard en 1951 grâce au soutien de Jean Paulhan. Cette œuvre est considérée par certains critiques comme un chef-d'œuvre[6]. Le roman ne remporte cependant aucun succès commercial, le passé politique de l'auteur – par ailleurs toujours emprisonné lors de la sortie de son livre – empêchant la reconnaissance de son talent littéraire[7].
Libéré le et d'abord assigné à résidence, Lucien Rebatet revient à Paris en 1954. Un second roman, Les Épis mûrs, est plutôt bien accueilli. Le roman suivant, Margot l'enragée, est refusé par Gallimard contre l'avis de Paulhan : Rebatet s'en montre lui-même peu satisfait et ne cherche pas à le faire publier chez un autre éditeur[7].
Il reprend par ailleurs son activité de journaliste, travaillant pour Rivarol à partir de 1958. Lors de l'élection présidentielle de 1965, opposé à la candidature de Charles de Gaulle, Rebatet soutient au premier tour Jean-Louis Tixier-Vignancour, puis, au second, François Mitterrand. Ce choix, paradoxal en apparence, est d'abord dû à un antigaullisme demeuré intact, mais aussi à sa fidélité à l'idéal européen. Rebatet est désormais prêt à transiger avec la démocratie, seule capable selon lui d'unifier l'Europe après la défaite du fascisme. Il est ensuite rédacteur à Valeurs actuelles. Jusqu'au bout, il restera fidèle au fascisme, bien qu'il soutienne de moins en moins l'antisémitisme, en raison de la législation en vigueur – le décret-loi Marchandeau du , interdisant la provocation à la haine raciale, a été rétabli en 1944 –, mais aussi par une modification de son regard sur les juifs : s'il ne renie rien de ses attaques antisémites d'avant 1945, il ne peut s'empêcher de porter un regard empreint de sympathie pour la nouvelle nation israélienne, en guerre contre les Arabes. En 1967, Lucien Rebatet soutient la guerre israélienne contre les États arabes : « La cause d’Israël est là-bas celle de tous les Occidentaux. On m’eût bien étonné si l’on m’eût prophétisé en 1939 que je ferais un jour des vœux pour la victoire d’une armée sioniste. Mais c’est la solution que je trouve raisonnable aujourd’hui[8]. » . En 1969, il affirme « savourer le paradoxe historique qui a conduit les juifs d'Israël à défendre toutes les valeurs patriotiques, morales, militaires qu'ils ont le plus violemment combattues durant un siècle dans leur pays d'adoption[9]. »
Rebatet ne parvient plus à se plier à la discipline d'écriture qui lui avait permis, durant son emprisonnement, de terminer Les Deux étendards. Il se lance dans la rédaction d'un nouveau roman, intitulé La Lutte finale mais, après en avoir réalisé environ 1500 pages, échoue à le terminer. Il abandonne définitivement ce livre pour se consacrer à la rédaction d'Une histoire de la musique, publiée en 1969[7]. Cet essai de Rebatet est régulièrement cité en référence[10], bien que les jugements portés tant sur les compositeurs que sur leurs œuvres soient souvent empreints de la subjectivité de leur auteur, et soient très tributaires des préjugés esthétiques en cours à l'époque : dithyrambes réservés à quelques « grands » – souvent germaniques – (Bach, Mozart, Beethoven, Wagner, Richard Strauss), et relatif mépris pour Maurice Ravel, certains scandinaves et slaves comme Sibelius, Grieg, Tchaïkovski et pour la tradition lyrique française (Auber, Gounod, Thomas, Reyer, Massenet, Saint-Saëns, Bruneau, Charpentier). Sans surprise, Rebatet a des jugements tranchés sur Mendelssohn, Meyerbeer, George Gershwin, Halévy, qui voit son chef-d'œuvre, La Juive, qualifié « de terrible mélodrame médiéval et raciste[11] ». Il fait toutefois preuve d'audace dans des choix modernes sur Boulez ou Xenakis[12].
Sur Rachmaninov, il écrit :
Lucien Rebatet était également critique de cinéma et d'art, notamment de peinture, sous son pseudonyme de François Vinneuil[14].
Références